Des parlementaires américains découvrent le paysage politique tunisien et sondent les possibilités de coopération future avec leurs homologues potentiels de la Constituante.
Par Mourad Teyeb
Après les économistes, les diplomates et la société civile, sans oublier les journalistes, c’est autour des parlementaires américains de visiter la Tunisie à quelques semaines des premières élections libres de l’histoire du pays.
La délégation est constituée de cinq membres de la Chambre des Représentants des États-Unis : David Timothy Dreier (Californie, républicain) et quatre démocrates : Gwendolynne S. Moore (Wisconsin), James A. McDermott (Etat de Washington), David Eugene Price (Caroline du Nord) et Keith Ellison (Minnesota).
Non à un cachet «made in America»
Le fait que la délégation comprend des Représentants des partis républicain et démocrate est un signe qu’aux USA, «l’engagement pour la Tunisie est bipartisan», dit David Dreier, qui préside cette délégation parlementaire. Il pense que le 23 octobre est une date «très importante» car c’est «la première élection après le Printemps arabe».
Comme tous leurs compatriotes l’ont dit et répété, les États-Unis ne veulent pas se mêler des affaires politiques tunisiennes. «On ne veut pas d’un cachet made in America dans la transition démocratique tunisienne», a souligné Dreier. Il a ajouté que le succès du Printemps arabe «veut dire la défaite d’Al-Qaïda et du terrorisme».
Les membres de la délégation se sont entretenus avec des responsables tunisiens dont le Premier ministre Béji Caïd Essebsi et ont rencontré des représentants de quelques partis politiques (Ennahdha, le Pdp et Ettakatol) ainsi que Radhwane Masmoudi, l’activiste et politicien tunisien basé aux Etats-Unis.
Leurs entretiens ont aussi porté sur la cause de la femme et sa participation dans la vie politique. Dans ce cadre, Gwendolynne Moore pense que «la place de la femme est aussi bien à la maison (house) qu’au parlement (House of Parliament)».
«On espère que les Tunisiens, notamment les jeunes, fassent preuve de patience», a déclaré, pour sa part, James McDermott. «Le processus démocratique évolue graduellement et requiert beaucoup de patience», a-t-il expliqué.
Une divergence américaine sur la question palestinienne ?
Les parlementaires américains n’ont rien apporté de nouveau sur la question palestinienne et plus précisément sur la création d’un Etat palestinien.
Des parlementaires américains en viste à Tunis
Même s’il est républicain, David Dreier a repris la vision annoncée et défendue par Barack Obama. «Nous sommes pour un Etat palestinien mais tout doit passer par les négociations, à travers les Nations-Unies».
Surprise ! Keith Ellison, un démocrate, noir et musulman, parle de «positions différentes sur la question palestinienne au sein des cercles officiels américains (le gouvernement et le Congress). «Il y a peut-être des visions différentes aux États-Unis concernant la manière d’instaurer un Etat palestinien et la paix dans la région», a-t-il lancé devant un groupe de journalistes.
Tous les islamistes ne sont pas Al-Qaïda
Avec des politiciens américains chevronnés, on ne peut pas ne pas parler des tendances islamistes qui montent en puissance dans les pays du Printemps arabe. Les Congressmen américains sont les premiers avisés que les prochains parlements de ces pays pourront contenir des députés islamistes. «Pas tous les partis islamistes sont des fous d’Al-Qaïda», explique James McDermott en réponse à une question de Kapitalis. «La démocratie doit choisir son propre gouvernement», a-t-il ajouté. Le Représentant de Seattle pense que «la religion ne guide pas la démocratie, mais la démocratie peut-être dans ou en dehors de la religion».
Notons que les cinq Représentants américains sont également membres de la House Democracy Partnership (Hdp). La Hdp est une Commission bipartisane de 30 membres qui vise à développer les rapports de coopération avec les institutions législatives indépendantes dans 15 pays du monde auxquelles s’ajouterait probablement l’Assemblée Constituante tunisienne qui sera élue le 23 octobre prochain.