Les héros de la révolution tunisienne sont morts, fatigués ou simplement dégoûtés. Ce sont les zéros qui aujourd’hui pavoisent en haut de l’affiche et sur les plateaux de télévision.
Par Tarak Arfaoui
Depuis quelques mois on n’entend plus parler des héros de la révolution, les vrais, ces jeunes chômeurs à la condition précaire qui se sont soulevés d’un seul élan contre la dictature Zaba depuis le centre sud du pays et qui ont payé le prix fort pour la liberté. Une nouvelle catégorie d’individus vient malheureusement occuper le devant de la scène, celle des révolutionnaires de la 25ème heure, politicards, ripoux, magouilleurs et opportunistes de tout bord. Ce sont les «zéros» de la révolution.
Les opportunistes au premier plan
Les zéros de la révolution, ce sont les dirigeants de certains partis politiques, dont la transparence n’a d’égale que la couardise du temps de Zaba, ayant pour la majorité pris la poudre d’escampette à l’étranger et qui tentent actuellement de confisquer les fruits de la révolution en essayant d’occuper la place politique à moindre frais ou avec de gros frais provenant de l’étranger, en profitant les uns de l’inculture politique des Tunisiens, les autres de la fibre religieuse et du bigotisme d’autres.
Les zéros de la révolution, ce sont aussi certains syndicalistes, qui ne doivent leur autorité qu’à la bienveillance de Zaba qui les a nommés et encouragés et qui se pavanent actuellement sur les plateaux de télévision en se permettant le luxe de donner des leçons de politique au gouvernement en brandissant sur la tête du premier ministre le couperet de la grève et du désordre social à chaque fois que leurs intérêts égoïstes sont en jeu.
Les zéros de la révolution, ce sont les sit- inneurs de tout bord qui pour un oui ou pour un non, pour des futilités et des revendications farfelues, occupent les administrations, prennent les citoyens en otage, et mettent à genou l’économie du pays. Ce sont aussi les pauvres citoyens, les laissés pour compte de l’ère de Zaba, coupeurs de route et de voies ferrées, organisateurs de guet-apens, dont la précarité sociale n’a d’égale que l’inculture politique et dont les instincts tribaux refoulés ont miraculeusement refait surface les amenant à s’entretuer comme au bon vieux temps des années médiévales.
Les diables défenseurs de l’orpheline révolution
Les zéros de la révolution ce sont beaucoup d’avocats et certains magistrats corrompus jusqu’à la moelle qui mangeaient dans la main de Zaba, qui l’ont soutenu dans toutes ses manigances, qui défendaient le diable au lieu de la veuve et de l’orphelin, et qui se découvrent brutalement une âme de militants sous un masque de fourberies constitutionnelles.
Les zéros de la révolution sont sans aucun doute aussi les Zorros de la révolution dont les masques sont tombés.
Je parle de certains agents de l’ordre, ripoux de la première heure, adeptes du droit de cuissage, qui étaient le bras répressif de Zaba, maintenus au pouvoir grâce à leur appui, et qui essayent de se refaire une virginité révolutionnaire en faisant du chantage pour camoufler leurs anciennes dérives et exactions, en se croyant au dessus du lot.