L’Union européenne (UE) fait de la Tunisie son premier partenaire démocratisé en Méditerranée et lui octroie un important appui financier.

Par Fathi Bchir


157 millions d’euros d’aides ont été annoncés, soit au total pour la période 2011-2013, près de 4 milliards d’euros. Pour les Tunisiens, les annonces devraient être vite suivies d’effet, mais il leur faudra attendre l’après-élection (le 24 octobre).

1er pays du «printemps arabe»

La première réunion de la task-force conjointe UE-Tunisie a eu lieu mercredi 27 septembre à Tunis, co-présidée par la chef de la politique étrangère de l’UE, Catherine Ashton, et le Premier ministre tunisien Béji Caid Essebsi.

«La Tunisie, pionnière de la transition démocratique dans le monde arabe, est appelée à jouer un rôle stratégique majeur dans le voisinage de l’UE», était-il affirmé dans les conclusions finales.

Le commissaire à l’élargissement Stefan Füle et Bernardino Léon, représentant spécial de l’UE pour la Méditerranée, participaient également à cette session aux côtés de nombreuses personnalités représentant des bailleurs de fonds, dont le vice-président de la Banque mondiale, le président de la Banque africaine de développement (Bad), de la Banque islamique de développement (Bid) et du monde des affaires européen et tunisien.

Une série de mesures visant à aider la Tunisie à relancer son économie et à accompagner sa transition vers un avenir démocratique a été décidée, selon un communiqué de l’UE. Des conventions, portant sur un appui de 157 millions d’euros ont été signées pour favoriser la relance économique (100 millions d’euros), la réforme du secteur de l’eau (57 millions d’euros) et le soutien à la société civile.

Au total la Tunisie aura reçu une assistance de près de 4 milliards d’euros (2011-2013) dont un programme d’appui aux zones défavorisées (20 millions d’euros) dont le démarrage vient d’être annoncé.

 


Béji Caïd Essebsi et Catherine Ashton.

Un accord de libre-échange profond et complet

D’autres fonds seraient disponibles au titre du programme Support for Partnership, Reform and Inclusive Growth (Spring) dont la Tunisie sera le premier bénéficiaire. La Banque européenne d’investissement (Bei) a confirmé son engagement à accélérer la mise en œuvre du projet de 130 millions d’euros en soutien au développement des petites et moyennes entreprises.

Des prêts de la Banque Mondiale (500 millions de dollars US), la Bad (500 millions de dollars US), et l’Agence française de développement (Afd, 185 millions d’euros), ont été annoncés dans la foulée.

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), à laquelle la Tunisie va adhérer, annonce aussi, de son côté, qu’elle va définir, d’ici la fin de l’année, des appuis financiers à des projets. «Pour accélérer les interventions de la Berd en Tunisie, notamment en faveur des Pme et pour la préparation des projets d’infrastructure, la Commission européenne a annoncé une contribution à hauteur de 20 millions d’euros aux fonds de coopération de la Berd», indique le communiqué.


Catherine Ashton et Béji Caïd Essebsi.

Des négociations formelles ont débuté le 30 septembre pour un nouveau «Partenariat privilégié» et il a été convenu de «relancer les négociations pour libéraliser le commerce de produits agricoles pour un accord de libre-échange profond et complet, une fois que le Conseil de l’UE en aura défini le mandat».

Les deux parties vont aussi reprendre les négociations sur les services auxquelles la Tunisie tentait de se dérober ne voyant pas l’intérêt d’aller plus loin que les concessions à l’Organisation mondiale du commerce (Omc). Il a par ailleurs été décidé d’octroyer aux Tunisiens des «opportunités de travailler, d’étudier et de voyager en Europe».

Discussions en vue d’un Partenariat pour la mobilité

L’UE indique dans son communiqué qu’elle «va initier avec la Tunisie les discussions en vue d’un Partenariat pour la mobilité, les premières du genre avec un pays du sud de la Méditerranée ». Enfin, une session du Comité d’Association UE-Tunisie (niveau technique, moindre que le Conseil d’association) se réunira pour assurer le suivi des recommandations de la Task Force avant une deuxième session de celle-ci, «au cours du premier semestre 2012».


Štefan Füle, Catherine Ashton, Béji Caïd Essebsi et Mohamed Mouldi Kefi.

L’UE indique également qu’elle mettra en place une «équipe de soutien à la restitution des fonds, constituée d’experts basés à Tunis et à Bruxelles, afin de faciliter l’échange d’informations avec les Etats membres et la Tunisie sur les biens illégalement expatriés par l’ancien régime». La récupération des avoirs détournés par l’ancien président et ses proches a été un des principaux sujets abordés au cours de la séance à laquelle assistait la présidente helvétique, Micheline Calmy-Rey. Son pays n’a pas répondu à une première demande tunisienne de restitution des fonds et en appelle à une décision de l’Onu.

Source ''Med Afrique''.

Ashton : une Tunisie nouvelle se dessine

* «Je suis ravie de dire que la première réunion de la Task Force UE-Tunisie a été un grand succès», a déclaré Catherine Ashton.

* «Une Tunisie nouvelle se dessine, ouverte, dynamique, prospère et démocratique. C’est un exemple pour toute la région. Pourtant, je sais que les Tunisiens attendent des changements encore plus rapides, en particulier dans le domaine économique. Et si ce processus doit bien sûr être dirigé par les Tunisiens eux-mêmes, l’UE s’est engagée à faire tout son possible pour aider. La Tunisie a un immense potentiel, des gens qualifiés et de grandes opportunités. Mais il est essentiel que les investissements reviennent.»