Entretien avec Fares Belghith, diplômé de l’Ensi Tunis, directeur de projets chez Gfi informatique (10.000 salariés), tête de liste de l’Upr France 1.

Propos recueillis par : Ridha Kefi


Kapitalis : Comment avez-vous vécu les années Ben Ali ?

Fares Belghith : Des années d’oppression, de censure et même d’autocensure. La dignité de l’être humain était bafouée. Mon arrivée en France a changé ma vision des choses. Respirer la liberté est vital pour un peuple.

Et la révolution ?

Je n’y croyais pas trop au début, je pensais que le dictateur gagnerait encore mais non, heureusement, je me suis complètement trompé, la volonté du peuple était plus forte. Je me rappelle : j’étais en voiture, le 14 janvier, et tout seul ému en train de chanter l’hymne national. Je n’ai pas pu participer aux évènements du 14 janvier, je ne veux pas rater celui d’après, la constituante.

Comment êtes-vous venu à la politique ?

Je dirige des projets depuis des années, j'ai appris à écouter mon client pour le satisfaire, écouter mon équipe pour mieux l’orienter et écouter mon employeur pour mieux appliquer la politique de l’entreprise en termes de marge et de bien-être des équipes.

Pour résumer, j’essaie de satisfaire mon client, conforter mon équipe et améliorer la marge de mon employeur : c’est de la politique opérationnelle et je souhaite faire profiter mon pays de mon expérience et de mes compétences.

Je serais ainsi à l’écoute des Tunisiens de France pour répondre à leurs besoins, agir avec l’équipe Upr pour les satisfaire ; tout ça pour atteindre l’objectif extrême de faire progresser mon pays, la Tunisie, et améliorer le bien-être général des Tunisiens.

J’ai l’envie de faire bouger les choses, de me rendre utile pour ma Tunisie et pour les Tunisiens.

Pourquoi avez-vous opté pour l’Upr ?

J’ai fait le tour des partis ; j’ai été attiré par les fondateurs de ce parti. De très bons CVs, des gens honnêtes, des bonnes idées, un esprit d’équipe, l’esprit républicain et un grand amour du pays : des qualités qui ne peuvent que refléter l’état d’esprit de ce parti.

Le programme de l’Upr aborde les vrais problèmes de la Tunisie et propose des solutions adaptées telles que la séparation des pouvoirs, la décentralisation, la gratuité et la qualité de l’éducation et de la santé, etc. La haute qualité de ce programme ne fait que confirmer mon choix. Je ne me suis pas trompé ; je suis fier de faire partie de l’Upr.

Quels sont les principaux thèmes que vous comptez porter à la Constituante ?

La définition du régime gouvernemental, la mise en place de la constitution et le démarrage rapide des chantiers critiques.

En Tunisie : l’emploi, avec ce que ça engendre en termes de progrès économique ; l’éducation, réellement gratuite et de bonne qualité ; et la santé, accessible à tous.

A l’étranger : se pencher sur les problèmes et les droits des Tunisiens résidents à l’étranger tels que le manque de communication avec la mission diplomatique tunisienne, la douane et la corruption, le prix des billets d’avion, les facilités administratives pour les investisseurs et les transferts d’argent. Une solution serait de créer une structure dédiée aux Tunisiens résidents à l’étranger.

Le détail de notre programme se trouve sur notre site web. Nos spécialistes ont travaillé sur les différents chantiers avec des éléments factuels et des solutions pragmatiques.

Quels rôles pourront jouer les Franco-Tunisiens dans la Tunisie de demain ?

Pendant longtemps, beaucoup de compétences tunisiennes se sont bien introduites dans les sphères associatives et professionnelles de la France. Il est temps d’avoir leur retour d’expérience et de favoriser les échanges entre les deux rives.
Les binationaux sont des Tunisiens avant tout ; ils peuvent décider pour le pays, élire et être élus.

Est-ce que vous ambitionnez une carrière politique après la Constituante ?

C’est un peu tôt pour prendre une telle décision. La priorité est d’aider mon pays avant, lors et après la constituante. Le plus important est de construire la nouvelle Tunisie sur des bonnes bases.

Bio-Express

Fares Belghith est né en 1975 à Tunis. Diplômé de l’Ensi Tunis, il est actuellement directeur de projets chez Gfi informatique (10.000 salariés).

«Je suis passionné de politique et amoureux de mon pays, et dans ce cadre, je me suis porté candidat à la constituante», dit-il. Il ajoute : «L’Upr est une structure ouverte, une communauté qui impose peu de contraintes à ceux qui veulent la rejoindre. Nos deux exigences sont l’esprit républicain et l’allégeance exclusive à la Tunisie ou l’amour du pays.»

Les colistiers de M. Belguith sont Aida Akari, membre du Conseil d’administration de la Confédération syndicale des familles (Csf, Essonne).

Mustapha Turki, ingénieur informatique (Lavoisier France, Hauts-de-Seine), Beya Mezhoud (infirmière en gériatrie) et Karim Cherif (commerce international, Essonne).