Le parlementaire européen Riccardo Migliori nous parle de sa mission en Tunisie, de sa vision des rapports futurs Tunisie-Europe et de la situation en Libye et en Algérie.
Entretien réalisé par Mourad Teyeb
Le parlementaire italien est vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce). Il est en Tunisie à la tête d’une délégation d’environ 80 parlementaires européens de 20 pays venus en tant qu’observateurs des élections de l’Assemblée constituante.
«Il ne faut pas nous prendre pour des envahisseurs de la réalité tunisienne. Nous sommes là sur invitation des autorités tunisiennes», a-t-il déclaré à Kapitalis. «Nous sommes des spectateurs et le terrain de jeu appartient aux Tunisiens. Le monde regarde la Tunisie et nous sommes les ‘‘yeux du monde’’», ajoute M. Migliori.
La bataille de la Tunisie
Que pense-t-il des développements politiques en Tunisie ? L’influent député italien ne cache pas sa satisfaction des préparatifs pour les élections. «Nous sommes fiers de vous accompagner, nous dit-il. Nous avons déjà rencontré Yadh Ben Achour, le président de la Haute Instance et les membres de l’Isie, les partis politiques ainsi que des représentants de la société civile et nous nous somme déjà fait un aperçu de l’état des lieux. A Gabes, un membre de l’Irie nous a dit : ‘‘Si nous réussissons les élections du 23 octobre, ce sera la Tunisie qui gagnera, pas un parti politique quelconque ou autre’’. Ça résume toute une volonté à réussir et à battre les obstacles».
Pour Riccardo Migliori, l’Isie a interdit le financement étranger. Donc, pour lui, «ce n’est pas celui qui a plus d’argent qui va gagner les élections. D’ailleurs, ceux qui ont fait la révolution ne sont pas ceux qui ont de l’argent. Un pareil peuple comprend tout et a suffisamment de maturité pour faire la distinction. Le résultat est là. Jusqu’à maintenant, j’ai vu une campagne qui vise les idées, pas autre chose.
Je pense que tout est réuni pour que les élections soient une grande fête de la démocratie».
L’aide de l’Europe ? “More for more”
Une certaine crainte habite les Tunisiens sur l’interférence, voire l’ingérence étrangère dans le processus démocratique. M. Migliori rappelle que Catherine Ashton (la Haute représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité à l’Union européenne) l’a dit clairement : la Tunisie deviendra le premier partenaire de l’Europe. «Lors du dernier G8 à Deauville, souligne-t-il, l’Europe a fait sa propre révolution en matière de politique étrangère. On ne va plus gaspiller nos ressources, et nos aides seront soumises à des conditions : ‘‘more for more’’ (plus pour plus), c’est-à-dire plus d’aide contre plus de démocratie.»
Cependant, des problèmes épineux, dont la migration et la sécurité, persistent encore et pourraient entraver cette révolution. Comment le député européen voit-il les choses ? «Je vais dire une bêtise : la Tunisie va devenir une cible de l’immigration sub-saharienne. Vous serez donc 100% Européens (cibles de vagues d’immigration, ndlr) et vous ne devez pas vous soucier de vos jeunes en Europe».
Il ajoute : «Dans le passé, les rapports entre la Tunisie et l’Europe se limitaient au tourisme et aux gouvernements. Dans le futur, elles seront entre les sociétés (partis politiques, universités, syndicats etc.).»
Et les Tunisiens n’ont pas à craindre une montée des extrémistes en Libye ou en Algérie. «La Méditerranée s’est beaucoup rétrécie, reconnaît-il, mais je n’y ai pas rencontré d’extrémistes».
Pour lui, il n’y a pas lieu de faire une comparaison. La Libye est «dans une étape de construction de l’Etat» alors que la Tunisie est «dans une phase de construction d’une démocratie». Il y a par conséquent une différence dans «les qualités des obstacles à surmonter», selon M. Migliori.
L’Algérie, quant à elle, «doit comprendre un peu mieux ce qui se passe les derniers mois» dans la région. Traduire : elle ne pourra rester longtemps en-dehors de la dynamique démocratique à l’œuvre au sud de la Méditerranée.
Riccardo Migliori: «Le monde regarde la Tunisie»
Le parlementaire européen Riccardo Migliori * nous parle de sa mission en Tunisie, de sa vision des rapports futurs Tunisie-Europe et de la situation en Libye et en Algérie. Entretien conduit par Mourad Teyeb.
Le parlementaire italien est vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (Osce). Il est en Tunisie à la tête d’une délégation d’environ 80 parlementaires européens de 20 pays venus en tant qu’observateurs des élections de l’Assemblée constituante.
«Il ne faut pas nous prendre pour des envahisseurs de la réalité tunisienne. Nous sommes là sur invitation des autorités tunisiennes», a-t-il déclaré à Kapitalis. «Nous sommes des spectateurs et le terrain de jeu appartient aux Tunisiens. Le monde regarde la Tunisie et nous sommes les ‘‘yeux du monde’’», ajoute M. Migliori.
La bataille de la Tunisie
Que pense-t-il des développements politiques en Tunisie? L’influent député italien ne cache pas sa satisfaction des préparatifs pour les élections. «Nous sommes fiers de vous accompagner, nous dit-il. Nous avons déjà rencontré Yadh Ben Achour, le président de la Haute Instance et les membres de l’Isie, les partis politiques ainsi que des représentants de la société civile et nous nous somme déjà fait un aperçu de l’état des lieux. A Gabes, un membre de l’Irie nous a dit: ‘‘Si nous réussissons les élections du 23 octobre, ce sera la Tunisie qui gagnera, pas un parti politique quelconque ou autre’’. Ça résume toute une volonté à réussir et à battre les obstacles».
Pour Riccardo Migliori, l’Isie a interdit le financement étranger. Donc, pour lui, «ce n’est pas celui qui a plus d’argent qui va gagner les élections. D’ailleurs, ceux qui ont fait la révolution ne sont pas ceux qui ont de l’argent. Un pareil peuple comprend tout et a suffisamment de maturité pour faire la distinction. Le résultat est là. Jusqu’à maintenant, j’ai vu une campagne qui vise les idées, pas autre chose.
Je pense que tout est réuni pour que les élections soient une grande fête de la démocratie».
L’aide de l’Europe? “More for more”
Une certaine crainte habite les Tunisiens sur l’interférence, voire l’ingérence étrangère dans le processus démocratique. M. Migliori rappelle que Catherine Ashton (la Haute représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité à l’Union européenne) l’a dit clairement: la Tunisie deviendra le premier partenaire de l’Europe. «Lors du dernier G8 à Deauville, souligne-t-il, l’Europe a fait sa propre révolution en matière de politique étrangère. On ne va plus gaspiller nos ressources et nos aides seront soumises à des conditions : ‘‘more for more’’ (plus pour plus), c’est-à-dire plus d’aide contre plus de démocratie.»
Cependant, des problèmes épineux, dont la migration et la sécurité, persistent encore et pourraient entraver cette révolution. Comment le député européen voit-il les choses? «Je vais dire une bêtise: la Tunisie va devenir une cible de l’immigration sub-saharienne. Vous serez donc 100% Européens (cibles de vagues d’immigration, ndlr) et vous ne devez pas vous soucier de vos jeunes en Europe».
Il ajoute: «Dans le passé, les rapports entre la Tunisie et l’Europe se limitaient au tourisme et aux gouvernements. Dans le futur, elles seront entre les sociétés (partis politiques, universités, syndicats etc.).»
Et les Tunisiens n’ont pas à craindre une montée des extrémistes en Libye ou en Algérie. «La Méditerranée s’est beaucoup rétrécie, reconnaît-il, mais je n’y ai pas rencontré d’extrémistes».
Pour lui, il n’y a pas lieu de faire une comparaison. La Libye est «dans une étape de construction de l’Etat» alors que la Tunisie est «dans une phase de la construction d’une démocratie». Il y a par conséquent une différence dans «les qualités des obstacles à surmonter», selon M. Migliori.
L’Algérie, quant à elle, «doit comprendre un peu mieux ce qui se passe les derniers mois» dans la région. Traduire : elle ne pourra rester longtemps en dehors de la dynamique démocratique à l’œuvre au sud de la Méditerranée.