L’ancien ministre des Affaires étrangères de Ben Ali et leader du parti Al Moubadara n’est pas épargné par les «affaires». Après celle des «passeports», il fait face aux poursuites judiciaires à l’encontre de son fils.


Le juge d’instruction de la 8e Chambre au tribunal de première instance de Tunis a reporté, vendredi, l’interrogatoire de Mohamed Kaïs Morjane à propos de plusieurs affaires. Le fils de Kamel Morjane, ancien ministre des Affaires étrangères et actuel président du parti Al Moubadara (L’Initiative), a cependant été soumis au rituel de la fiche anthropométrique, ont annoncé nos confrères d'''Attounissia'' .

Des terrains mal acquis ?

De quoi Morjane junior est-il accusé ? Selon plusieurs sources, dont le journal ‘‘L’Audace’’ de Slim Bagga, Mohamed Kaïs Morjane serait impliqué dans des affaires en relation avec la centrale de distribution agro-alimentaire qu’il avait ouvert dans le quartier de Sahloul à Sousse. Une autre affaire porterait, toujours selon des indiscrétions publiées par ''L'Audace'', sur l’acquisition, par la société Corail, propriété de M. Morjane fils, de 2 lots de terrains à Tunis destinés à la construction de bureaux pour 1.223.600 dinars et 1.998.800 dinars, des montants jugés très en-deçà de la valeur réelle de ces terrains. Des fac-similés des documents attestant un accord, en date d’avril 2010, entre l’Agence foncière de l’habitat (Afh) et le gérant de la société Corail, Mohamed Kaïs Morjane en l’occurrence, auraient été retrouvés, explique ‘‘L’Audace’’.

L’annonce de cette nouvelle affaire s’ajoute au scandale des passeports diplomatiques remis par Kamel Morjane aux membres du clan Ben Ali au lendemain de la révolution (le 16 janvier 2011), et qui a fait des gorges chaudes dans les réseaux sociaux.

L’ombre lourde de Ben Ali

L’intéressé a certes donné sa version des faits sur les ondes d’une radio privée et une seconde fois dans une émission télévisée. Il s’est justifié en déclarant qu’au moment de l’établissement des passeports, il n’y avait encore pas eu de poursuites judiciaires contre l’ex-président, auquel il est d’ailleurs apparenté.

A cette date-là, M. Morjane était encore ministre des Affaires étrangères. Il a dû quitter ce poste quelques jours plus tard, sous la pression de la rue, qui ne voulait plus des anciens collaborateurs de Ben Ali dans le gouvernement provisoire.

Le 1er avril, cet ancien membre du bureau politique du Rcd dissous a reçu du ministère de l’Intérieur l’autorisation pour créer son propre parti Al Moubadara (L’Initiative). Celui-ci, qui dispose de moyens financiers conséquents, dont témoigne le faste de ses réunions publiques, présente plusieurs listes pour les élections de l’Assemblée constituante, le 23 octobre.

Autant dire que cette nouvelle affaire, où serait impliqué Morjane fils, vient à un très mauvais moment pour les militants et les candidats d’Al Moubadara. Ils auraient sans doute souhaité mener leur campagne électorale dans une atmosphère plus sereine...

Zohra Abid