Vendredi début d’après-midi, des manifestations pacifiques se sont déroulées à Tunis. La police a dispersé la foule avec du gaz lacrymogène, notamment à Bab Saadoun.
Depuis la tentative d’attaque sur les locaux de la chaîne de télévision privée Nessma TV suite à la diffusion de film franco-iranien ‘‘Persepolis’’, la Toile s’est enflammée. Les milliers d’appels lancés sur les réseaux sociaux contre la chaîne de Nabil Karoui ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Les internautes, leurs amis, leurs proches, les amis de leurs amis ont manifesté, aujourd’hui, après la prière du vendredi. Et pas seulement à Tunis, mais aussi dans plusieurs autres villes de l’intérieur : Monastir, Béja, Sidi Bouzid...
En attendant les manifestants
Pour neutraliser les manifestants et éviter tout débordement, le ministère de l’Intérieur s’est bien préparé. Il a mis des dispositifs un peu partout à Tunis. L’esplanade de la Kasbah a été dès le matin quadrillée par les agents de l’ordre, en uniforme et en civil. Ils ont bouclé pratiquement toutes les issues. De Bab Sâadoun à la Faculté des sciences humaines du 9-Avril en passant par Bab Benat et l’entrée de la Médina. Mais les unités n’ont commencé à bouger que vers midi pour prendre place dans les petites rues voisines.
Midi trente, rien ne se passe. 13 heures, toujours rien du côté du centre-ville. Une armada de policiers a pris d’assaut toute l’allée de l’avenue Habib Bourguiba. Ils attendent les manifestants venir. A la place du Passage, la police est partout. De temps en temps, on interpelle un jeune, on vérifie son identité avant de le lâcher.
Avec la fin de la prière, les hommes et les femmes sont sortis des mosquées avant de se mettre en rang. Ils sont des barbus et des voilées, des jeunes et moins jeunes, mais aussi des gens qui n’ont ni barbe ni voile, mais des étudiants et des fonctionnaires en tenue de ville. Sur leurs banderoles, des appels aux annonceurs pour interrompre leurs contrats avec Nessma TV qui a manqué de respect à la religion.
Pour éviter que les manifestants aillent devant le Premier ministère, la police a dû avoir recours aux bombes lacrymogènes. Mais, du côté de la Kasbah, il y a eu de la résistance. Des jeunes gens ont commencé à lancer des pierres devant le ministère de la Culture. La police est intervenue. Bien évidemment avec du gaz lacrymogène.
A priori pas de gros dégâts
Selon Hichem Meddeb, porte-parole du ministère de l’Intérieur : «Les manifestations se sont bien déroulées un peu partout. Il n’y pas eu, a priori des gros dégâts. Sauf du côté de la Kasbah, les jeunes venant de Bab Lâalouj ont lancé des pierres sur les agents. Il y a eu quelques blessés légers de nos unités. Nous étions contraints de tirer du gaz lacrymogène. Mais grosso modo, ça s'est bien passé», a-t-il dit à Kapitalis.
Interrogé sur de probables arrestations, M. Meddeb a déclaré que les autorités n’ont pas encore fait le bilan mais que, de toute façon, il n’y a rien de grave à signaler.
Z. A.