Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, a lancé le 19 juin à Paris sa formation politique: République solidaire. Le nouveau parti compte de nombreux militants issus de l’immigration, et notamment des Maghrébins, Tunisiens y compris. Jamel Heni, Paris.



«À l’heure où se multiplient les entraves, les pressions et les manœuvres pour empêcher la naissance de notre mouvement, notre rendez-vous du 19 juin prend une importance encore plus grande.»
L’appel de l’ancien Premier ministre français aux membres du réseau social ‘‘villepincom.net’’, ne fit pas de détours. D’une solennité gaulliste, De Villepin y indique l’alternative et dénonce les tentatives d’avortement d’une naissance désirée.


Villepin à Mantes-la-Jolie

«Changer le cours des choses»… en 2012
Le manuscrit scanné, à l’encre azur et aux tours bien gaulois, a été diffusé quatre jours avant le lancement officiel de sa formation politique. Son auteur y accuse, sans les nommer, des «forces occultes» de semer la zizanie dans les rangs villepinistes. Beaucoup de députés proches du premier ministre ont en effet été reçus par le président Nicolas Sarkozy qui déjeuna – hasard du calendrier! – avec l’ancien président Jacques Chirac, véritable mentor de De Villepin, au cours de son mandat.
Ces manœuvres élyséennes n’ont pas été superflues et le bal des défections fut ouvert par les députés François Goulard et Hervé Mariton qui ne «ne rejoindrait pas la formation du Premier ministre»! Le député de la Drôme, invoqua des «différences» mais tout juste après sa sortie de l’Elysée!
Le nouveau parti villepiniste s’appelle donc République solidaire. Menés par l’ex- ministre, Brigitte Girardin, les militants du club De Villepin, qui revendique 15.000 adhérents, veulent démentir les sondages qui créditent leur homme providentiel de quelques 18% d’éventuels sympathisants. Ils devront subir les foudres de l’Élysée qui voit dans le charisme de l’ancien Premier ministre une menace, des irréductibles de l’Ump, qui craignent la division à droite, mais aussi de la gauche voyant dans ce néo-gaullisme des valeurs dépassées.
Mais il en fallait plus pour dissuader De Villepin de poursuivre son dessein. Le samedi 19 juin, devant 6.000 de ses partisans réunis à la Halle Freyssinet, Paris XIII, l’ancien Premier ministre n’a pas fait mystère des ambitions de son nouveau parti: «changer le cours des choses» en 2012. Pas moins! «Une alternative est indispensable […] Je m’engage. J’en mesure toute l’audace […]. C’est le temps du sursaut», a-t-il martelé, pendant que ses troupes scandaient «Villepin président !» Et ce dernier d’insister avec des accents très gaulliens pour mieux faire le parallèle avec l’anniversaire de l’appel du 18 juin 1940: «Quelque chose se lève à nouveau en France, quelque chose qui ne cessera jamais, au fil des mois, de grandir». Et d’accuser le sarkozysme d’avoir fait «reculer» les libertés publiques et mis la France «à bout de souffle».

Les Maghrébins aux premiers rangs
Un discours et une posture qui lui attirent la sympathie d’une majorité de Français d’origine maghrébine. Il faut dire que ses dernières interventions sur la question palestinienne et sa position ouvertement hostile à l’attaque israélienne de la flottille de la liberté en eaux internationales ont beaucoup séduit les jeunes maghrébins qui semblent pardonner à l’ancien homme du Contrat première embauche (CPE) et de la guerre contre les banlieues en 2005.
En visitant, le 1er juin, le  Val Fourré, quartier de Mantes-la-Jolie, banlieue de Paris, célèbre pour avoir incarné la crise des banlieues dans les années 90, et en se montrant ainsi au cœur d’une cité, à quelques semaines du lancement de son mouvement politique, là où le président de la République, lui, ne se déplace que «derrière des CRS», l’ancien Premier ministre a gagné les cœurs des derniers hésitants parmi la communauté d’origine maghrébine.
Conséquence: beaucoup de jeunes cadres maghrébins, et particulièrement des Tunisiens, ont rejoint le club. Certains y sont même très actifs. Ahmed avocat tunisien naturalisé soutient «l’homme pour ses idées mais aussi parce que je refuse la stratégie de la chaise vide. Si nous voulons que les choses bougent, il faut bien se salir les mains!».