Reporters sans frontières (Rsf) condamne, dans un communiqué diffusé samedi, l’attaque des locaux de la chaîne Nessma, le 10 octobre, et l’intimidation de ses salariés et de son directeur.
«Rien ne justifie ces attaques. Je comprends que la diffusion de ‘‘Persepolis’’ ait pu heurter certaines sensibilités, mais cela ne donne pas le droit de menacer de la sorte le directeur d’une chaîne de télévision. La liberté d’expression passe aussi par la tolérance à des idées qui choquent. Nessma TV avait le droit de diffuser ‘‘Persepolis’’», a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation.
Laisser la justice faire son travail
Reporters sans frontières rappelle que «seules les autorités judiciaires sont habilitées à arbitrer d’éventuels abus de la liberté de la presse». L’organisation, qui vient d’ouvrir cette semaine un bureau à Tunis après avoir été longtemps empêchée d’exercer en Tunisie par l’ancien régime, «demande aux autorités tunisiennes de condamner les actes de vandalisme et d’intimidation contre la chaîne Nessma TV et d’ouvrir une enquête afin de dégager les responsabilités et arrêter les auteurs de ces violences.»
«Ces événements démontrent la nécessité d’adopter un nouveau code de la presse ainsi qu’une loi sur l’audiovisuel, respectueux des standards internationaux, notamment de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ratifiée par la Tunisie. Ces dispositions doivent notamment supprimer les délits d’offense aux religions ainsi que les peines de prison», ajoute l’organisation.
Nessma s’oppose aux lois qui l’auraient protégée
Reporters Sans Frontières omet cependant de signaler, à ce propos, que Nessma TV a été parmi les médias qui ont le plus critiqué ces deux textes de loi et diffusé plusieurs émissions consacrées à les critiquer et à appeler le gouvernement provisoire à ne pas les promulguer. Les plateaux de ces émissions étaient composés de gens tous opposés à ces deux textes de loi, en l’absence des instances concernées, notamment la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution (Hiror) et l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (Inric). Et au mépris des règles élémentaires de la déontologie et des normes professionnelles.
Après avoir rappelé les faits relatifs à cet affaire, l’organisation passe en revue les réactions qu’elle a suscité, notamment de la part des du Syndicat national des journalistes tunisiens (Sntjt), l’Association tunisienne des directeurs de journaux (Atdj) et l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication (Inric), qui ont condamné toute forme de violence et tentative de terroriser les professionnels des médias. Ainsi que les réactions des partis politiques, qui, tout en dénonçant l’attaque contre Nessma TV, ont, pour la majorité, condamné ce qu’ils qualifient de provocation, de la part de cette chaîne, en période pré-électorale.
I. B. (avec communiqué).