‘‘La Boussole électorale en Tunisie’’ a démontré que les électeurs ont des positions plus progressistes et radicales que les partis politiques en général, et ce vis-à-vis des questions en rapport avec les réformes démocratiques en Tunisie.
Par Mohamed Abdelhamid Abderrahmane*
Malgré les différences politiques et idéologiques et les divergences des partis politiques tunisiens quant aux questions du changement politique et social en Tunisie, les statistiques de ‘‘la Boussole électorale’’ inspirées des programmes des partis politiques démontrent qu’il y a un net rapprochement sinon une unanimité sur les réformes démocratiques en Tunisie.
Malgré cela, les recherches des experts de la Boussole montrent qu’il y a des divergences entre les partis en ce qui concerne les rapports de force et le partage du pouvoir entre les différentes institutions de l’Etat démocratique. La Coalition Républicaine et le Pdp sont en faveur d’une présidence forte, tandis qu’Al-Moubadara paraît plus progressiste sur ces questions.
Des électeurs devancent les partis
Ce qui attire l’attention, ce sont les positions claires et plus démocratiques des électeurs, qui ont répondu au questionnaire de ‘‘la Boussole électorale’’, en comparaison avec les positions des partis concernant les questions de la réforme démocratique. Une grande majorité des électeurs, effleurant 70%, est en faveur d’un parlement plus fort, détenant un pouvoir plus grand que celui du président, c’est ce qui montre qu’ils préfèrent un régime parlementaire plutôt que présidentiel.
D’autre part, 80% des électeurs adoptent le principe d’élection des gouverneurs des départements au lieu de leur nomination par le gouvernement. De même, 80% de la population électorale qui a collaboré avec le projet de ‘‘la Boussole électorale en Tunisie’’ sont pour l’écartement des anciens responsables du régime déchu.
L’équipe de recherche de ‘‘la Boussole’’ trouve que le public tunisien soutient fortement le renforcement du rôle du citoyen dans la vie politique, et ceci surgit du refus de 70% des électeurs à toute majorité parlementaire d’amender la constitution sans recours à un référendum général, ce qui démontre qu’il y a un souci de sauvegarder les règles du jeu démocratique et de mettre fin aux risques de domination des partis au pouvoir.
Démocratie avec limites
Parmi les paradoxes frappants aussi, les électeurs tunisiens qui sont en faveur de réformes démocratiques radicales dans les pratiques politiques, adoptent une position qui tend vers être conservatrice et hésitante en ce qui concerne la liberté d’expression sans limite, et on peut dire que 60% des Tunisiens préfèrent que l’Etat préserve le droit de contrôler quelques moyens d’expression artistique et littéraire.
Cet indice précise à nouveau que le rêve de réformes démocratiques peut se limiter à des expressions politiques de la démocratie et ne pas s'étendre à d’autres domaines comme l’égalité parfaite entre la femme et l’homme, et le renforcement de la libre expression. En plus, les choix individuels dans la vie publique sont jugés par des critères interférents et complexes.
* Radio Nederland.
La Radio Nederland participe avec des médias tunisiens de confiance et des chercheurs tunisiens à réaliser la boussole électorale en Tunisie. Pour d’amples informations sur ‘‘la Boussole électorale’’ au Maroc et en Egypte, consulter le site suivant.