Le 4 octobre, soit la veille de l’Aïd, l’ex-patron des patrons a publié un message adressé aux Tunisiens où il leur demande pardon et appelle à la réconciliation nationale.
En homme d’affaires averti, M. Djilani appelle donc les Tunisiens à passer par perte et profit les 300 martyrs et plus de 1.000 blessés de la révolution. Pas de procès, pas de vérité, mais le pardon tout de même.
Voici, par ailleurs, le texte intégral du message djilanien : «Je demande pardon à tous les Tunisiens, la réconciliation nationale, le pardon total à tous et à toutes. L’amour de notre pays doit être plus fort que la haine. La haine provoque la haine. Pardonnons les erreurs du passé. Tous les Tunisiens ont commis des erreurs. Je demande pardon à tous les Tunisiens, car, comme tous les Tunisiens, j’ai sûrement commis des erreurs. Le pardon, le pardon, le pardon. Bonne fête à tous».
Il a donc fallu près de 10 mois pour que l’ancien patron des patrons, resté à son poste tout au long des années Ben Ali, auquel il était d’ailleurs lié par des liens de parenté, daigne enfin s’adresser aux Tunisiens pour leur demander pardon.
L’inamovible président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) a démissionné le 19 janvier 2011, soit 5 jours après la fuite de Ben Ali et la chute de son régime.
Depuis, soupçonné dans des affaires de corruption, il s’est trouvé devant le juge d’instruction à moult reprises pour s’expliquer sur une liasse de dossiers ayant lien à la gestion de l’Utica.
Après avoir épluché ses dossiers et grâce à une défense blindée, opportunément conduite par le dirigeant islamiste Me Abdelfattah Mourou, le tribunal d’Appel a cassé la décision du Tribunal de première instance qui a ordonné auparavant le gel de ses biens.
M. Djilani a gagné quelques procès mais pas encore la guerre déclenchée contre lui notamment avec le comité national «Sauvons l’Utica». Son nom figure encore sur la liste des interdits de voyage. Et il n’est pas certain qu’il soit blanchi totalement.
«Tous les Tunisiens ont commis des erreurs», affirme M. Djilani dans son message. «Tous les Tunisiens» ? Autant donc pardonner à tous les corrompus, les voleurs, les assassins… Et pourquoi ne pas proclamer l’amnistie pour les Ben Ali, Trabelsi et tutti quanti ? Et classer tous les dossiers en cours d’instruction dans les tribunaux ?
M. Djilani aurait pu, au moins, par décence, faire des confessions sinon des aveux complets.
I. B.