L’islam est très mal perçu en Occident. Mais est-ce de la faute des musulmans ? Pourquoi des leaders d’opinion occidentaux cognent-ils souvent sur les musulmans ?
Par Haykel Ezzeddine, Genève
Ça a toujours été d’actualité de taper sur les musulmans et l’islam. L’Occident a une peur bleue des intégristes musulmans et n’arrive pas à faire la différence entre l’intégrisme et l’islam ordinaire tel qu’il est pratiqué actuellement à travers bon nombre de pays dans le monde. L’avant dernier numéro de ‘‘Charlie-Hebdo’’ et la chronique de Me Marc Bonnant dans le ‘‘Matin Dimanche’’ de la semaine dernière n’arrangent pas les choses et font creuser davantage le fossé de l’incompréhension entre musulmans et intellectuels européens.
Tous les musulmans dans le même sac
Le «pompier professionnel» BHL (Bernard Henri Lévy), le fringant avocat à la verve facile et au raisonnement simpliste Marc Bonnant ainsi que le canard boiteux en perte de vitesse ‘‘Charlie-Hebdo’’ se livrent à un même combat avec des variantes, mais tous les trois sont unis par leur insoutenable légèreté d’analyse face à un islam qui ne veut ni conquérir ni déclarer des croisades et encore moins s’imposer en Europe ou ailleurs.
C’est le cauchemar de l’extrême-droite qui manipule l’opinion ! L’amalgame et le mélange des genres font que l’on met tous les musulmans dans le même sac, feignant d'ignorer leurs différences. C’est comme s’il n’existe qu’un seul courant chez les autres religions et que parmi elles il n’y a point d’extrémistes (la tuerie d’Oslo ?). Certes il y a des intégristes chez les musulmans mais qui n’a pas dans sa communauté des méchants ou des brebis galeuses ? On ne va pas refaire l’histoire et l’intégrisme quel qu’il soit a été nourri par la manipulation politique !
Nous assistons, actuellement, à une longue manœuvre d’une partie de l’intelligentsia occidentale qui est entrain de reprendre le même ton paternaliste qui a conduit jadis à l’occupation puis à la complicité avec des régimes dictatoriaux qu’ils ont contribué à mettre en place au nom d’un hypothétique rempart contre un islamisme considéré comme dangereux.
Les révolutions arabes, déclenchées en Tunisie, et qui se poursuivent actuellement, jusqu’aux confins de l’Iran, sont venues démentir le mythe d’une fatalité, celle qui donne le choix, aux Arabes et aux musulmans, entre la dictature et le terrorisme. On découvre aujourd’hui que l’une nourrit l’autre et s’en nourrit. Seule la démocratie peut venir à bout de ces deux fléaux.