La fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung, a lancé, vendredi 7 juin, la 2e édition de ‘‘Génération A’Venir’’, un programme de formation destiné aux jeunes issus du tissu associatif tunisien. Quid de ce programme? Quels sont ses objectifs? A qui s’adresse-t-il?



Les jeunes en Tunisie montrent un faible intérêt pour l’action associative. Les études montrent, en effet, que seuls 0,5% d’entre eux adhèrent à une association. Ce manque d’intérêt s’explique par les difficultés d’accès aux associations, qui fonctionnent souvent en vase clos. Il s’explique aussi par la non-implication des jeunes dans la conception et la mise en œuvre des activités associatives et la faible autonomie qui leur est accordé au sein des associations.

Faible implication des jeunes dans les associations
Par ailleurs, l’accaparement des responsabilités par les aînés empêche les jeunes d’accéder à des postes de responsabilité, donc de conception et de direction. Ce qui réduit la confiance entre les membres d’une même association et empêche les synergies entre eux, ainsi qu’entre les membres d’associations travaillant sur les mêmes thématiques, avec souvent des rivalités pour accéder aux aides et aux financements.
Face à un tel «spectacle», les jeunes expriment des réserves à s’impliquer dans le travail associatif. Quand ils s’y impliquent, c’est de manière ponctuelle, avec des objectifs de résultats rapides. Ils prennent d’ailleurs rarement des initiatives et leur engagement n’est jamais durable, mais souvent limité dans le temps et opportuniste.
Cette situation, étayée par diverses études nationales, a poussé les plus hautes sphères de l’Etat à multiplier les initiatives visant à mieux impliquer les jeunes dans la vie publique (Consultation nationale sur la Jeunesse, Année internationale de la Jeunesse, Programme national du service volontaire, Parlement des Jeunes, qui sera installé le 25 juillet…).

Apprendre à se prendre en charge
generation avenirPour contribuer à cet effort national en faveur des jeunes, la fondation allemande Friedrich Ebert Stiftung, présente en Tunisie depuis 1988, a conçu et mis en place le programme ‘‘Génération A’Venir’.
Initié en 2007 pour aider renforcer les capacités des jeunes affiliés à des associations en matière de conception, de mise en route et de gestion opérationnelle de projets, ce programme est coordonné par un jeune Tunisien: Sami Adouani. Il dispense des formations de 8 mois au sein d’un groupe hétérogène composé de jeunes des deux sexes venus de divers horizons. Les participants sont appelés ensuite à concevoir un projet et à le présenter devant un jury. Les projets en question doivent répondre aux exigences des éventuels organismes de financement et/ou sponsors du secteur privé.
La première phase du programme (avril 2008 - juin 2009) a concerné 17 candidats représentant 12 associations. Les participants ont été sélectionnés de manière à diversifier les profils et les axes d’intérêt. Ils se répartissent comme suit: 59% de sexe féminin (41% masculin), 53% étudiants (contre 35% d’employés et 12% sans emploi), 47% ont entre 25 et 30 ans (contre 29% entre 20 et 25, et 24% entre 30 et 35). Les thématiques d’intérêt de leurs associations se déclinent comme suit: 31% (social), 27% (féminin), 19% (droits de l’homme), 15% (santé) et 8% (dialogue religieux).
Au final 15 jeunes ont achevé le cycle de formation et élaboré 8 projets. Seuls deux de ces projets ont finalement été concrétisés. Il s’agit du ‘‘Festival Ado +’’, fondé et dirigé par Dhouha Jourchi Ayadi, et dont la première session a été organisée le 4 avril dernier au Centre culturel et sportif d’El-Menzah VI. C’est la première fois qu’un festival met en scène exclusivement des œuvres d’adolescents autour du théâtre, de la musique, de l’art et de la danse. Le succès rencontré lors de la journée et l’écho favorable dans les médias pourraient permettre à ce nouveau rendez-vous de s’inscrire dans l'agenda culturel de la capitale. Second projet abouti: ‘‘Les Nez Oranges : Pour entendre des rires d’enfants à l’hôpital’’.

Des projets en quête de financement
Six autres projets élaborés par les participants attendent encore de trouver des financements ou des aides institutionnelles pour être concrétisés. On les citera pour éventuellement aider leurs concepteurs à trouver les soutiens nécessaires pour les conrétiser. Ce sont ‘‘Petite Shéhérazade’’ (club de contes pour enfants de 6 à 15 ans issus de milieux défavorisés), ‘‘Une semaine de bonheur pour retrouver l’espoir’’ (aide aux enfants en situation de précarité et en perdition scolaire), ‘‘Ayyemetek’’ (agenda culturel à l’intention des lycéens), ‘‘Mon collège’’ (implication des adolescents dans l’entretien de leur collège et son environnement), ‘‘I3refna’’ (portail web destiné à informer les jeunes sur les activités de la société civile tunisienne) et ‘‘Dépendance Zéro’’ (pour lutter contre la toxicomanie et le tabagisme chez les ados).      
L’appel à candidatures pour la constitution de la 2ème promotion du programme a donc été clôturé le 7 juin. Le processus de sélection permettra à 12 candidats, âgés entre 18 et 35 ans, de développer 12 projets associatifs. Trois types d’associations ont été ciblés: gouvernementales, estudiantines et non gouvernementales.
Le programme vise à «encourager les associations à partager certaines responsabilités avec la nouvelle génération», explique Samy. Il ajoute : «C’est une sorte de laboratoire pour le développement d’une relation de confiance entre la jeune génération et leurs structures associatives».

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