Le leader d’Al-Âridha (Pétition populaire, 26 sièges à la Constituante) a annoncé dimanche sa décision de «geler immédiatement et totalement ses activités politiques en Tunisie». Faut-il en rire ou en pleurer ?
C’est sur Al Mostaqilla, sa chaîne de télévision qui émet de Londres (et qui lui a servi pour faire sa campagne électorale en Tunisie) que cet homme très contesté a passé son message, ainsi que dans un communiqué diffusé sur son site électronique.
Dans son message aux Tunisiens, M. Hamdi a justifié sa décision par le fait qu'il n’a pas reçu les excuses demandées à plusieurs partis politiques et supports médiatiques au sujet de «la campagne de haine et d'exclusion» dont il estime être victime, lui et le courant qu’il représente.
Cheval de Troie des Rcdistes
Selon M. Hamdi «la nouvelle Assemblée constituante est dépourvue de légitimité morale et politique». Il a, par ailleurs, affirmé ne pas avoir demandé aux élus d’Al-Âridha de se retirer de l’Assemblée constituante ou de se solidariser avec lui.
Hachmi Hamdi, qui a créé la surprise lors des élections du 23 octobre, a fait l’objet d’une vague de critiques. Il a été notamment accusé d’avoir parmi les membres des listes qu’il a conduites d’anciens militants du Rcd (ex-parti au pouvoir dissous).
Le 26 octobre lors de l’annonce des résultats des élections de la constituante et de l’invalidation de 7 listes d’Al Âridha, M. Hamdi s’est adressé à partir de sa chaîne à ses électeurs pour les inciter à protester. Le lendemain, toute la région Sidi Bouzid était en feu. Les manifestants ont incendié plusieurs biens publics dont les deux tribunaux. Sur les ondes d’une radio, M. Hamdi a déclaré qu’il retirait toutes ses listes de la constituante. Deux jours après sur une chaîne de télévision tunisienne, à froid, il est revenu sur ses propos, demandant pardon à ses compatriotes.
Notre «agent» à Londres
Le tribunal administratif a finalement cassé la décision de l’Isie et validé 6 des 7 listes d’Al-Âridha. Depuis, M. Hamdi est monté sur ses grands chevaux. Il a exigé des excuses de tous ceux qui se sont acharnés contre lui. Chose non faite. Ce qui l’a poussé dimanche à décider de se retirer du paysage politique.
Décision qui s’explique sans doute aussi par la révélation d’information sur des sommes importantes qui lui auraient été versées par l’Agence tunisienne de communication extérieure (Atce), en contrepartie d’émissions de propagande pour l’ex-président Ben Ali. Le rapport de la Commission nationale d’investigation sur la corruption et les malversations (Cnicm), publié la semaine dernière, a révélé l’ampleur de l’implication de M. Hamdi avec l’ancien régime. Le patron d’Al-Moustaquilla, qui comptait rentrer en Tunisie le 12 novembre, a préféré rester dans son exil doré londonien. Il se savait attendu en Tunisie, où son populisme et ses volte-face successifs lui valent beaucoup d’ennemis.
Z. A.