L’avocat, co-fondateur d’Ennahdha il y a plus de vingt ans et, plus récemment, de l’Alliance démocratique indépendante, est pressenti pour diriger le ministère de la Justice. Qu’en pense-t-il ?
Par Zohra Abid
Au lendemain de la séance inaugurale de l’Assemblée nationale constituante, Me Abdelfattah Mourou s’est rendu pour la première fois au siège d’Ennahdha, au quartier d’affaires de Montplaisir, à Tunis.
« C’est cheikh Rached qui me l’a dit»
L’information nous a été confirmée par Me Mourou qui affirme y avoir été accueilli par cheikh Rached Ghannouchi, son vieux compagnon de route et inamovible leader du parti islamiste tunisien. Ce dernier lui a annoncé que son nom figure sur la liste des candidats aux portefeuilles ministériels et plus précisément celui de la Justice. «Oui. Nous avons parlé de la situation dans le pays, et lors de notre discussion, cheikh Rached me l’a dit. D’un côté, je dis : pourquoi pas ? Participer au nouveau gouvernement et apporter un plus afin de sauver le pays est un devoir. Mais la situation est tellement délicate que je ne suis pas vraiment décidé. A voir ce qui se passe aujourd’hui dans les régions, rien encourage. Il suffit que quelqu’un ouvre la bouche pour qu’on le prenne au mot et parfois ses paroles sont mal interprétées», a confié Me Mourou à Kapitalis. Et d’ajouter qu’aujourd’hui, le pays a besoin de tout le monde et que tous les partis sont appelés à se serrer dans le même rang.
«Je ne représente pratiquement rien»
«D’ailleurs, je l’ai dit lors d’une intervention dans une radio. Si, par exemple, Hamma Hammami, chef du Parti ouvrier communiste tunisien (Poct) ou le Pôle démocratique moderniste (Pdm) avaient gagné les élections, il aurait été de notre devoir, tous, de leur porter notre soutien. Car, nous n’avons pas le choix. L’appel de la patrie doit passer avant tout. Et sauver le pays ne peut se faire que par l’union de tous les Tunisiens, et ce n'est pas en s’opposant et en se mettant des bâtons dans les roues que le pays va avancer», ajoute Me Mourou.
L’avocat tunisois est-il prêt à aller aujourd’hui dans le sud en ébullition et tenter de calmer les esprits comme il l’avait fait auparavant lors des évènements tribaux de Metlaoui ? Réponse d’Abdelfattah Mourou : «J’y ai pensé. Mais pour me rendre là-bas, j’ai craint de ne pas avoir de l’écoute. Car, je ne représente pratiquement rien. Avec seulement 3.000 voix récoltées dans les élections, je ne suis pas sûr que mon discours va passer», a dit le chef de l’Alliance démocratique indépendante (Adi), liste indépendante aux élections du 23 octobre. Plus modeste que lui, tu meurs…