Ennahdha a enfin réagi à la perturbation des cours à la Faculté des lettres de Manouba par des éléments salafistes, en condamnant le recours à la violence et en défendant l’intégrité de l’institution universitaire. Oui mais…
Le recours à la violence pour imposer certaines pratiques est inadmissible quelles que soient les parties en cause et les justifications, a affirmé Samir Dilou, membre du bureau exécutif du parti du mouvement Ennahdha.
Un pompier nommé Samir Dilou
Dans une déclaration à l’agence Tap au sujet des derniers événements survenus à la Faculté des Lettres de Manouba, M. Dilou, qui est en passe de devenir le porte-parole attitré du mouvement islamiste tunisien, a souligné qu’Ennahdha estime «intempestif de discuter de la question controversée de la tenue vestimentaire à l’intérieur ou à l’extérieur de l’université dans ces conditions extrêmement délicates avec les risques d’instrumentalisation politique», et appelle à l’ouverture, ultérieurement, d’un débat sur cette question.
«L’institution universitaire a son intégrité, et le mouvement Ennahdha est soucieux d’examiner cette question dans le cadre du dialogue», a ajouté M. Dilou. Il a indiqué que des dirigeants du parti se sont rendus mardi et mercredi sur les lieux pour contribuer à résoudre le problème entre l’administration de la faculté et le groupe d’étudiants salafistes exigeant de permettre à des étudiantes de suivre les cours en niqab, de mettre fin à la mixité et d’aménager une salle de prière au sein de l’établissement universitaire.
On remarquera, au passage, qu’Ennahdha ne s’est pas prononcé sur le fond du problème, à savoir la légitimité ou non des revendications des sit-ineurs. Il a préféré botter en touche en se contentant de rappeler des principes généraux (refus de la violence et recours au débat). Une manière de renvoyer dos-à-dos le cadre enseignant et les agitateurs salafistes et de reporter le débat sur une question de fond (port du niqab à l’université) où ses positions ne sont finalement pas très différentes de celles de ses alliés objectifs : les salafistes.
I. B.