Son silence, devenu assourdissant, cachait un véritable malaise. Moncef Marzouki, le prochain président de la République par intérim, a enfin parlé. Pour dire non, comme à son habitude.
«Je n’accepterai jamais une présidence fictive. J’opterai pour une présidence avec des prérogatives réelles dans le cadre d’un régime qui confèrera aux trois présidences le rôle qui leur sied dans la gestion de la phase délicate dans laquelle s’engage le pays», a affirmé, mercredi, le secrétaire général du Congrès pour la république (Cpr), sur la page Facebook officielle du parti.
M. Marzouki réagissait au projet de règlement intérieur des pouvoirs provisoires proposé par ses alliés d’Ennahdha à l’Assemblée constituante, qui réduit les prérogatives de la présidence de la République au strict minimum et accorde l’essentiel des pouvoirs exécutifs au Premier ministre, poste qui sera attribué à son secrétaire général Hamadi Jebali.
La déclaration de Marzouki a été confirmée par le porte-parole du parti Imed Daymi, qui a assuré que le Cpr restera fidèle à ses positions et à ses promesses envers ses militants et l’ensemble des Tunisiens et s’engagera à assumer sa responsabilité nationale en adhérant à un gouvernement d’union nationale qui s’attachera à introduire de véritables réformes et à contribuer à apporter des solutions dans tous les domaines.
Le projet relatif à l’organisation provisoire des pouvoirs publics ne reflète aucunement la vision du Cpr, dans la mesure où il est venu vider l’institution de la présidence de la république de toutes ces véritables prérogatives.
A cet égard, le Cpr forme l’espoir de voir les négociations aboutir rapidement à une formule consensuelle qui bénéficiera de l’unanimité de toutes les parties, dans le droit fil de la constitution d’un gouvernement élargi d’union nationale qui entamera, dans les plus brefs délais, le règlement des problèmes urgents et persistants auxquels font face les Tunisiens.
L’Assemblée constituante devrait se réunir aujourd’hui pour essayer de débloquer le débat sur le projet de règlement intérieur proposé par Ennahdha, qui a achoppé à de fortes oppositions de la part des autres partis, qui y ont vu une volonté de domination du parti islamiste tunisien.
Imed Bahri