Un grand nombre d’agents a été mobilisé samedi pour s’interposer entre les partisans d’Ennahdha et les forces de gauches qui manifestaient, samedi, devant le Palais du Bardo, à Tunis. Gare aux hooligans !


Au 3e jour du sit-in devant l’Assemblée nationale constituante, des milliers de partisans du parti Ennahdha, majoritaire à l’Assemblée (89 sièges sue 217), sont venus exprimer, samedi, leur opposition aux forces politiques de gauche et organisations non gouvernementales qui campaient depuis jeudi pour demander «plus de libertés» et «la priorité à l’emploi et à la réalisation des objectifs de la révolution».

Minorité versus majorité

Pendant que des centaines de sit-inneurs campaient près de l’enceinte de l’Assemblée nationale constituante, les partisans du parti Ennahdha sont venus par milliers dans la direction opposée au niveau de la fontaine du Bardo, en l’absence des partisans des deux autres partis de la coalition tripartite majoritaire, le Congrès pour la république (Cpr) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl).

Des deux côtés, les femmes étaient présentes en grand nombre. Les nouveaux manifestants ont scandé des slogans tels que : «La minorité a le droit de s’exprimer mais n’a pas le droit d’imposer sa vision» et «La dictature est la mainmise de ceux qui n’ont pas été élus au détriment de ceux qui ont été élus par le peuple».

Les sit-inneurs de gauche agitaient d’autres slogans : «Travail, liberté et dignité» et «frères dans la patrie et la religion, divisés par les partis».

Quelques heurts mineurs

Un manifestant de la mouvance de gauche a déclaré à l’agence Tap que «l’idée de deux sit-in, l’un face à l’autre, pourrait créer une vive tension entre les deux groupes». Il a appelé à prendre exemple des partisans du gouvernement de Mohamed Ghannouchi qui avaient choisi la Cité des sports à El Menzah pour exprimer une opinion différente des manifestants de la Kasbah.

L’un des manifestants sympathisant d’Ennahdha a déclaré que «la véritable volonté est celle du peuple qui s’est exprimé par des bulletins de vote», appelant à «faire preuve de patience jusqu’à la nomination d’un gouvernement légitime».

Devant la montée de la tension entre les deux groupes qui ont échangé des insultes, le parti du mouvement Ennahdha (qui a démenti avoir mobilisé ses partisans pour protester devant l’Assemblée au Bardo) a envoyé son porte-parole officiel Noureddine Bhiri et le président de la Commission d’organisation provisoire des pouvoirs publics, Habib Khedher, pour calmer la situation et demander aux partisans du mouvement de quitter les lieux. Cela n’a pas empêché quelques heurts mineurs.

I. B. (avec Tap).