Les agents de sécurité, qui se sentent dans le collimateur de la justice militaire, de la justice civile et des médias, montent au créneau et appellent à manifester lundi devant le ministère de la Justice.


Le Syndicat national des forces de sécurité intérieure (Snfsi) appelle les cadres et agents des services pénitentiaires et de réhabilitation, de la police, de la garde nationale et de la protection civile, à un rassemblement de protestation devant le ministère de la Justice, à Bab Benat, à la lisière de la médina de Tunis, lundi à partir de 9h.

Un bon coup de balai

Le syndicat explique, dans un communiqué publié samedi, que cette action vise à dénoncer le silence des autorités de tutelle qui ont «ignoré» les revendications de ce corps et «contribué à réduire les services de sécurité et à inférioriser leurs cadres et agents, devenus cibles de nombreuses structures comme la justice militaire, la justice civile et les médias».

Que penser de ce mouvement de protestation, dont le timing coïncide avec les défis sécuritaires posés par le difficile voisinage d’une Libye aux mains d’insurgés ?

Le corps de la sécurité a été, on le sait, l’un des principaux piliers de l’ancienne dictature, au même titre d’ailleurs que la justice civile et les médias, qui ont beaucoup de choses à se reprocher, eux aussi, et ont besoin d’un bon coup de balai.

Marchandage et rapport de force

Ce corps, qui a un rôle important à jouer dans la stabilisation et la normalisation de la situation dans le pays, sait qu’il reste un maillon important dans la chaîne de décision, quelles que soient les nouvelles forces (islamistes et de gauche) qui vont être appelées à former le nouveau gouvernement. Il voudrait donc non seulement échapper, autant que faire se peut, aux enquêtes et poursuites judiciaires en cours, mais aussi avoir droit au chapitre dans la reconfiguration du système politique dans le pays.

Marchandage ? Peut-être, mais les agents de sécurité ne veulent pas être sacrifiés comme des boucs émissaires sur l’autel de la réconciliation nationale. Ils veulent, au contraire, s’imposer et faire valoir leurs intérêts dans les nouveaux rapports de force qui s’établissent dans le pays.

C’est de bonne guerre, dirions-nous. A condition, toutefois, que le but ultime ne soit pas l’instauration d’une nouvelle ère d’impunité. Les victimes de l'ancien régime, les familles des martyrs et des blessés de la révolution et tous les Tunisiens qui rêvent d'un vrai changement dans le pays auront beaucoup de mal à avaler cette grosse couleuvre.

I. B.