Le semblant de vide gouvernemental crée une atmosphère d’indécision et de confusion propice aux dysfonctionnements sécuritaires et aux surenchères politiques et aux dérapages sociaux.
Face à la multiplication des mouvements de protestation, des grèves et des sit-in, qui paralysent des pans entiers de la vie économique, le gouvernement provisoire a-t-il voulu montrer qu’il est encore en poste jusqu’à la passation du pouvoir au prochain cabinet ?
C’est, à n’en point douter, le sens à donner à la réunion, lundi matin à Carthage, entre le président de la République par intérim Foued Mebazaa, le Premier ministre du gouvernement de transition Béji Caïd Essebsi, dont les affaires sont déjà dans les cartons, mais aussi le président de l’Assemblée constituante et du parti Ettakatol Mustapha Ben Jaafar, le président du Congrès pour la république Moncef Marzouki et le secrétaire général du mouvement Ennahdha Hamadi Jebali, qui, eux, s’apprêtent à prendre en main les destinées du pays. Les deux derniers sont, en effet, les principaux candidats aux postes de président de la République et Premier ministre.
«La réunion a permis d’examiner la situation dans le pays et de se concerter sur les dossiers d’actualité, à la lumière des préparatifs engagés pour l’organisation des pouvoirs durant cette étape de reconstruction», lit-on dans la dépêche Tap rendant compte, laconiquement, de cette réunion.
«Les participants à la réunion ont été unanimes sur la nécessité de maintenir en place le gouvernement de gestion des affaires courantes pour garantir la continuité dans le fonctionnement du service public jusqu’à la formation du nouveau gouvernement», a ajouté la Tap, qui a souligné «l’impératif de préparer le cadre optimal pour le transfert des pouvoirs conformément à la volonté du peuple et dans l’intérêt suprême du pays.» On appréciera, au passage, ce traitement de l’information qui s’inscrit dans la pure tradition de la langue de bois tunisienne...
Ce transfert des pouvoirs provisoires devrait s’effectuer probablement dans les deux prochaines semaines, après l’élection, par l’Assemblée constituante, du prochain président de la République et du prochain Premier ministre.
I. B.