La Commission européenne a décidé, mercredi, de supprimer l’aide au développement à partir de 2014 pour un certain nombre de pays. Cette suppression, qui va toucher 19 pays émergents, épargnera la Tunisie et le Maghreb en général.

Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles


 

La mesure vise à permettre à l’Union européenne (UE) de se concentrer sur les pays les plus pauvres et sur la thématique de la bonne gouvernance.

Pour le commissaire européen au développement, le letton Andris Piebalgs, «c’est une évolution dans nos relations avec les pays émergents et un ciblage de l’aide sur les pays les plus pauvres».

La fin de l’aide européenne aux pays émergents

La Commission européenne est chargée en ce moment d’établir son budget pluriannuel européen (2014-2020) qui intervient dans un contexte de crise économique mondiale touchant particulièrement le continent européen, avec la crise de la dette souveraine.

Les 19 pays à revenu intermédiaire qui ne bénéficieront plus de l’aide au développement sont l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Chine, la Colombie, le Costa Rica, l’Équateur, le Kazakhstan, l’Iran, la Malaisie, les Maldives, le Mexique, le Panama, le Pérou, la Thaïlande, le Venezuela, l’Uruguay, l’Inde et l’Indonésie.

Malgré cette mesure, l’UE compte rester le premier donateur dans le monde en matière d’aide au développement et veillera à atteindre son objectif de consacrer 0,7% de son produit national brut (Pib) à l’aide au développement d’ici 2015, a affirmé le commissaire européen.

Dans son budget pluriannuel européen (2014-2020), l’UE prévoit de consacrer 18,182 milliards d’euros (+23% par rapport au budget 2007-2013) à l’aide aux pays voisins. Cette somme visera en particulier les pays du rivage sud de la Méditerranée à accomplir leur transition vers la démocratie dans le contexte du Printemps arabe, donc les pays d’Afrique du Nord, dont la Tunisie.

Poursuite de l’aide au sud de la Méditerranée

On aurait souhaité voir la Tunisie et les autres pays sud-méditerranéens entrer dans le club des pays émergents non éligibles à l’aide européenne. Mais les révolutions, déclenchées dans la région par la victoire des Tunisiens sur la dictature de Ben Ali, ont créé une situation nouvelle qui requiert une attention particulière de la part des Européens. Les transitions démocratiques en cours vont en effet connaître des hauts et des bas et les économies continueront d’être affectées par la décélération des machines de production. La poursuite de l’aide européenne vise à aider la Tunisie et ses voisins à traverser avec les moindres dégâts cette passe difficile et à retrouver leur dynamisme économique, qui sera bientôt couplé à une gouvernance démocratique : donc plus de transparence et moins de corruption.