Aujourd’hui, dès les premières heures, au Campus universitaire d’El Manar de Tunis, les manifestations estudiantines ont dégénéré en affrontement de l’Uget et l’Ugte.


La cour qui grouille, dès le matin, d’étudiants brandissant des affiches est vite devenue le théâtre de querelles. Et même plus. De la provocation de part et d’autre pour que la manifestation pacifique ne tarde pas à tourner au vinaigre. Entre les deux clans qui n’arrivent pas à se sentir, les uns de tendance islamiste (Ugte) et les autres issus de la gauche traditionnelle (Uget), plus rien ne va et après les cris et les insultes verbales, on passe à l’agression physique.

«Par-ci, on déchire des affiches, par-là on menace de lancer au-dessus des têtes les chaises et les tables», selon Soukaïna, témoin oculaire, qui avoue avoir eu peur. «Si on continue comme ça, la police ne va pas tarder à venir et intervenir», ajoute l’étudiante qui refuse de voir telle scène se produire dans une université où des étudiants, selon elle, au lieu d’être soudés en cette période délicate de transition, s’acharnent les uns contre les autres comme des ennemis jurés.

L’Uget refuse, selon notre interlocutrice, que des étudiants islamistes réclament des droits et arrivent à imposer bientôt le niqab et autres «nouveautés» au sein de l’université. L’Ugte, de son côté, réclame le droit de coexister, estimant que chacun est libre de faire la prière, de porter le niqab ou non.

«On crie encore contre les sympathisants d’Ennahdha les accusant d’être des collaborateurs du Qatar et, au-delà, des Américains», ajoute Soukaïna qui n’aime pas revivre les mêmes scènes que du temps de Ben Ali, lorsque des étudiants du Rcd s’en prenaient à ceux de la gauche et les agressaient.

Jusqu’à l’écriture de ces lignes, la tension ne s’est pas apaisée. Les plus sages ont formé des cercles et discutent entre eux sur les problèmes de la Tunisie.

Z. A.