Ph. Vincent Rossotti
Un collectif de Tunisiens organise la chasse aux complices de l’ex-président au sud de la France. Première cible : restaurant La Tosca à Antibes, qui aurait été racheté par Abdelkérim Hmila. C’est une erreur, crie le gérant égyptien !
Selon nos confrères de ‘‘Nice-matin’’ une cinquantaine de membres du collectif des Tunisiens des Alpes-Maritimes ont crié, durant près d’une heure, face au restaurant-pizzeria la Toscana, à Antibes (sud de la France) : «Rendez l’argent des Tunisiens. Cette affaire appartient au peuple». Ils suspectent l’établissement d’être détenu par Abdelhakim Hmila, un proche de l’ancien clan Ben Ali.
Une société écran monégasque
Le collectif présidé par Mustapha Béchir se mobilise pour faire la chasse aux complices du président déchu. Et cette chasse l’a conduit, dimanche, un an jour pour jour après l’acte désespéré de Mohamed Bouazizi qui a déclenché la révolution de la dignité, à organiser une manifestation Avenue de Nice, à Antibes, devant un restaurant-pizzeria. ‘‘Nice-Matin’’ relate l’événement dans son édition du lundi : «Vers 15 heures, plus de soixante membres de l’association se sont postés, avec des drapeaux et des pancartes, face au restaurant-pizzeria la Toscana. Durant près d’une heure, ils ont alors chanté et crié en français ou en arabe : ‘‘Rendez l'argent des Tunisiens. Toscana égale voleurs. Cette affaire appartient au peuple.’’ Le collectif suspecte, en effet, l’établissement d'appartenir à Abdelhakim Hmila, via une société écran monégasque. Or ce dernier aurait été l’un des hommes d’affaires les plus proches de Zine el-Abidine Ben Ali. Il aurait notamment œuvré sur les chantiers de plusieurs autoroutes et de ‘‘la Baie des Anges’’ à El Kantaoui. ‘‘Nous avons obtenu des renseignements précis qui nous prouvent qu'Abdelhakim Hmila a racheté cette affaire en septembre dernier, atteste Mustapha Béchir. Elle doit donc être vendue pour que l’argent détourné soit rendu à notre pauvre peuple. Nous avons d’ailleurs déposé plainte afin d’obtenir la fermeture rapide de l’établissement’’.
Erreur sur la cible
L’avocat de l’établissement, Jean-François Gonzalez, s’apprête à déposer plainte aujourd’hui au nom de son client. Pour lui, il s’agit d’une erreur. «Cette mobilisation a pris pour cible un honnête commerçant», plaide-t-il. Il ajoute, cité par ‘‘Nice-Matin’’ : «L’association s’est largement trompée de cible. La gérance n’a absolument rien à voir avec les événements de Tunisie. En revanche, elle vient de subir un préjudice terrible. Le collectif a traité les directeurs de criminels et d’assassins. Ce sont des faits graves. Tout n’est pas permis en France.»
Le gérant Mahmoud Abou Steit est tout aussi catégorique : «Je tombe des nues. Ce sont des fanatiques. Nous n’avons rien à voir avec l’homme recherché. C’est une folle rumeur. Je suis d’ailleurs égyptien.»
I. B.