Après les 64 démissionnaires du bureau d’Ettakatol de l’Ariana, ceux du Bardo ont suivi. Et là, ça fait mal ! Qui va arrêter l'hémorragie, quand la direction est aux abonnés absents ?

Par Zohra Abid


 

Cela fait d’autant plus mal que ce sont 150 adhérents qui ont décidé de claquer définitivement la porte du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl ou Ettakatol), le parti du président de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaâfar, et de ne plus regarder derrière eux.


Ben Jaafar

«Oui, ça se confirme. Aujourd’hui, vendredi, ils ont décidé de partir. Le mouvement est en train de faire une boule de neige. Car, rien ne va dans les autres bureaux régionaux qui ne vont pas tarder à suivre», a dit à Kapitalis Me Zied Tayeg, un ancien d’Ettakatol du bureau de l’Ariana.

«Ils ne veulent écouter personne»

Selon l’avocat, rien ne va dans le parti. «Les premiers responsables nous ont tourné le dos et ne veulent même plus nous prendre au téléphone pour qu’on discute de ce qui ne va pas et qu’ils comprennent qu’il ne faut pas s’éloigner davantage de notre ligne électorale. Mais, là, on les voit appartenir beaucoup plus aux Nahdhaouis qu’à leur famille naturelle d’Ettakatol», ajoute-t-il.


Ben Jaafar (à gauche) a-t-il été capté par ses alliés de la Troika, Marzouki et Jebali

Ce dernier semble navré de ce qui est arrivé et, pour le moment, il ne voit aucune issue dans le parti qu’il a adopté. «Ils sont plus que déterminés et ne veulent écouter personne. Inchallah, M. Ben Jaâfar ne dira pas un jour ‘‘ghaltouni’’ (on m’a trompé), comme l’a dit auparavant l’ancien président».

Zied Tayeg précise qu’il s’agit de toute une vague de démissions et que d’autres partis sont en train de préparer leur sortie. «Dans les autres bureaux de Ben Arous, de Sousse, du Kef..., les adhérents ont désormais une mauvaise image de leur parti et vont suivre le rang des démissionnaires dans les prochains jours. C’est vraiment dommage», a ajouté M. Tayeg sur une note pessimiste. Très pessimiste.

Ce même constat, on le retrouve chez le militant des droits de l’homme Khemaies Ksila, élu à l’Assemblée constituante sur une liste d’Ettakatol dont il est l’un des ténors. Lui aussi est ulcéré par ce qui se passe dans la formation à laquelle il a opté après la révolution. Et il ne voit pas de solution miracle, tant qu’il n’y aura pas de changement à l’intérieur de la direction et des structures nationales.

Ben Jaâfar fait la sourde oreille

«Tous les membres qui ont démissionné ou qui sont en colère ne demandent qu'à ouvrir le débat. Mais en voyant les responsables sortir de la ligne tracée auparavant, il est légitime qu’ils protestent.

Le pire, c’est que personne n’est prêt à les écouter. On comprend bien leur décision. Dommage !», dit M. Ksila à Kapitalis.

M. Ben Jaâfar et les autres membres de la direction nationale du parti sont-ils à ce point occupés à gérer la destinée du pays en cette phase transitoire, à travers l’Assemblée constituante et le nouveau gouvernement qui vient d’être constitué, et où Ettakatol compte plusieurs ministres et secrétaires d’Etat ? Si c’est le cas, cela suffirait-il à justifier la sourde oreille qu’ils opposent aux doléances de leur base en plein désarroi existentiel ?

Qu’en pensez-vous messieurs Ben Jaâfar, Khélil Zaouia, Mouldi Riahi et autres Elyes Fakhfakh ?