«L’armée et la police ainsi que l’accord de libre échange» sont les secteurs à promouvoir dans le partenariat entre Tunis et Washington, estime le congressman américain Joe Lieberman, en viste en Tunisie.
Par Aya Chedi
C’est pour la seconde fois en une année que Joe Lieberman, président du comité sur la sécurité intérieure du Sénat américain, effectue une visite en Tunisie. Cette fois, c’est dans le cadre d’une tournée qui le conduira à Tripoli puis en Israël. De là à penser que les Etats-Unis établissent un lien entre les changements dans les deux pays maghrébins et l’Etat hébreu il y a un pas que l’on se garderait de faire, car si c’était le cas, Le Caire aurait figuré aussi au cœur de cette tournée. Ce qui n’est pas le cas…
De nouveaux domaines de coopération
Suite à une rencontre avec Mustapha Ben Jaâfar, président de l’Assemblée constituante, jeudi, au Palais du Bardo, M. Lieberman a déclaré que les plus importants sujets qu’il a pu soulever avec le responsable tunisien concernent la sécurité ainsi que les dossiers économiques, notamment les moyens de hisser les échanges commerciaux entre les deux pays. «Je suis agréablement surpris par le progrès enregistré ici en Tunisie que je visite pour la seconde fois depuis le mois de février dernier. La Tunisie a réussi une révolution démocratique qui servira maintenant comme meilleur exemple pour les autres pays. Les Etats-Unis feront tout pour soutenir le succès de la nouvelle Tunisie sur les plans économique, politique et de la sécurité», a déclaré le parlementaire américain à sa sortie de chez Mustapha Ben Jaâfar.
M. Lieberman n’est pas venu seulement «pour revenir une seconde fois et dire que je suis enthousiasmé par la Révolution», comme il le dit lui-même. «J’étais enthousiasmé, mais je suis de retour pour dire que nous sommes à la disposition pour aider à réaliser les objectifs du millénaire, avec la création de fonds d’entreprises visant à aider les petites entreprises. Il s’agit d’engagements fermes de la part des Etats-Unis pour aider à financer l’avenir de ce pays», a-t-il indiqué. D’autres domaines de coopération peuvent être développés, a-t-il estimé, se demandant, dans la foulée, «pourquoi on ne voit que très peu d’étudiants tunisiens aux Etats Unis ? Je voudrais bien voir leur nombre croitre».
Pour la sécurisation des frontières
Il reste tout de même possible de voir la coopération entre la Tunisie et les Etats-Unis s’élargir à de nouveaux secteurs, car à en croire le politicien américain «l’armée ainsi que la police tunisiennes expriment un besoin en équipements. Les officiels pourraient participer à des stages spéciaux aux Etats Unis, notamment au niveau de la sécurisation des frontières, c’est un souci commun entre nos deux pays et je suis certain que nous pourrions collaborer à ce niveau».
Partant de sa conviction que «l’avenir de ce pays est celui de la liberté», M. Lieberman estime que «la liberté se conjugue essentiellement avec des conditions économiques favorables». Il ajoute : «C’est pour cela que j’essaye de convaincre mes amis ici en Tunisie de travailler davantage afin de convaincre le maximum d’entreprises américaines à investir en Tunisie».
Evoquant les conseils communs formés, ainsi que les activités des chambres de commerce dans les deux pays, le responsable américain à souligné qu’investir en Tunisie «est une action sécurisée». Il a aussi indiqué que l’un des sujets les plus importants sur lequel il est temps de se pencher est celui de l’accord de libre-échange entre les deux pays, en stand-by depuis plusieurs années, en raison du manque de volonté des précédents gouvernements.
«C’est un dossier sur lequel je vais travailler, car il s’agit d’un accord qui symbolisera les relations entre les deux pays. C’est la façon la plus urgente et concrète pour dire que nous voulons bâtir un vrai partenariat. C’est un moyen d’aider les deux peuples au niveau économique», a dit M. Lieberman.
Où en est la zone de libre échange ?
Interrogé par Kapitalis sur les obstacles réels qui empêchent la ratification d’un tel accord, Joe Liberman a répondu sans détour : «Ce n’est pas facile. Il y aura certainement dans les deux pays des groupes qui s’y opposeront. Aux Etats-Unis, des syndicats ainsi que de gros investisseurs le feront, car ils croient que la concurrence étrangère les affaiblirait. Alors que nous pensons que cet accord pourrait éventuellement créer de nouvelles opportunités dans les deux pays. J’espère pouvoir commencer à travailler là-dessus cette année».
On ne manquera pas, par ailleurs, de noter, l’énervement affiché par l’ambassadeur Gordon Gray, lorsque le politicien américain a été interrogé sur le soutien que ce politicien avait manifesté pour le régime de Ben Ali. L’ambassadeur a répliqué sèchement à la consœur ayant posé la question de consulter le rapport sur les droits de l’Homme préparé par le département d’Etat américain, avant de clore le petit point de presse.