Les hommes (et femmes) d’affaires et dirigeants politiques réfléchissent sur l’investissement et l’emploi. Mais, qu’attendent-ils pour mettre à exécution leurs propositions édifiantes ?


«Renforcement de la contribution des chefs d’entreprises à la relance de l’économie nationale», tel a été le thème d’une conférence organisée, mardi, par la Chambre régionale des femmes chefs d’entreprises de Tunis, relevant de l’Utica (patronat).

Hommes d’affaires et politiques indissociables

Cette rencontre visait à proposer des leviers de relance de l’investissement et de l’entreprenariat dans toutes les régions du pays. Des représentants du gouvernement et de partis politiques ont participé au débat et présenté leurs visions de la contribution des chefs d’entreprises à la relance de l’économie tunisienne. La vice-présidente de l’Assemblée nationale constituante (Anc), Maherzia Laabidi, a déclaré que «les hommes et les femmes d’affaires sont les partenaires réels des politiciens», ajoutant que les deux parties doivent coopérer et coordonner aux fins de «parvenir à surmonter les difficultés rencontrées et reconstruire une Tunisie meilleure». «Ces partenaires économiques sont invités, a-t-elle ajouté, à accomplir leur devoir fiscal et à respecter l’éthique du métier».

Pour la représentante de l’Anc, les chefs d’entreprises doivent aussi contribuer à l’ancrage des principes de la transparence, afin de dissuader les pratiques de corruption et d’établir de nouveaux liens avec les milieux politiques.

Au niveau de l’entreprise, Mme Laabidi a plaidé pour la mise en place de nouveaux rapports entre le chef d’entreprise et ses employés.

Ces rapports devraient transcender, d’après elle, le simple échange travail/rémunération pour s’étendre à la création de liens «humains».
Khalil Ezzaouia, ministre des Affaires sociales, estime de son côté que l’on doit édifier, aujourd’hui, l’Etat de droit et des institutions, mettre en place une justice indépendante et fonder un nouveau pacte social basé sur l’approche sociale participative. «La réforme doit être globale. Elle doit concerner l’investissement, l’emploi, la sécurité et le développement socio-économique», a-t-il expliqué.

Un communiste dans la centrale patronale

Du côté du secteur privé, l’homme d’affaires Hamadi Ben Sedrine, a recommandé aux politiciens et aux acteurs économiques «de s’attaquer, en premier lieu, au problème du chômage». «Car une fois ce problème résolu, il n'y aura plus de protestations sociales», a-t-il dit.

Hamma Hammami, secrétaire général du Parti ouvrier communiste tunisien (Poct), a affirmé, quant à lui, qu’il est indispensable, actuellement, de rétablir la confiance entre l’Etat et le peuple. Le leader communiste estime que la réduction du coût de la vie, l’instauration d’une prime de chômage, le recrutement des ouvriers contractuels et la mise en place de projets à forte employabilité dans les régions défavorisées, sont d’une urgence extrême aujourd’hui.

Pour Yassine Ibrahim, secrétaire général du parti Afek Tounes, de tendance libérale, la Tunisie gagnerait à s’ouvrir davantage sur le marché maghrébin, et notamment libyen, à développer des partenariats avec des pays africains et à encourager les sociétés tunisiennes à s’implanter dans les pays européens.

Paroles, à applaudir... mais à quand leur mise en application, alors que les mouvements sociaux se multiplient dans tout le pays, et notamment dans les régions défavorisées ?

I. B. (avec Tap)