Depuis quelques jours, toute la Tunisie parle d’une vidéo portant atteinte au ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh, très partagée sur les réseaux sociaux.


Dès le début de la diffusion de cette vidéo, montrant une personne présentée comme le ministre de l’Intérieur dans des ébats homosexuels, la société civile s’est mobilisée sur la Toile pour demander aux internautes de ne pas la faire circuler davantage.

De mauvais montages

Le lendemain, plusieurs partis de l’opposition ont dénoncé ces pratiques qui rappellent l’ancien régime de Ben Ali, dont les services diffusaient des vidéos trafiquées montrant ses ennemis politiques dans des positions humiliantes.

Sur les réseaux sociaux, la colère des Tunisiens n’a cessé de gonfler. Sachant que cette vidéo a été montée de toutes pièces dans les années 1990, alors que Ali Laârayedh était en prison.

Des experts en montage de films vivant à l’étranger ont même expliqué aux internautes le montage de la vidéo et ont appelé à poursuivre le(s) «criminel(s)» qui se sont permis un tel acte.

Il a fallu trois jours pour que des organisations fassent des déclarations et dénoncent cette campagne contre le ministre de l’Intérieur.

Dans leurs déclarations rendues publiques, vendredi, ces organisations «fustigent cette campagne compromettante qui prend pour cible les membres du gouvernement provisoire et qui vise à ternir et salir l’image des antagonistes politiques».

Les forces de l’ordre dénoncent

Le même jour, le Conseil supérieur des forces de sécurité intérieure a vivement dénoncé la diffusion de cette vidéo et fait part de son soutien total à Ali Laârayedh. Selon le communiqué, Ali Laârayedh représente l’autorité légitime à la tête du ministère de l’Intérieur. Cet acte estime-t-il, ne vise pas uniquement le ministre de l’Intérieur mais cible également l’appareil sécuritaire afin de perturber son fonctionnement et saper ses efforts tendant à préserver les institutions de l’Etat et l’intégrité des citoyens.

Le Conseil annonce sa décision d’ouvrir une enquête judiciaire pour dénoncer les auteurs de ces actes, faisant remarquer que le ministère de l’Intérieur s’attache à conserver les archives de l’institution sécuritaire et à les exploiter dans le respect de la loi.

Les défenseurs des droits de l’homme réagissent

La Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (Ltdh) stigmatise, elle aussi, ces pratiques qui constituent un prolongement de celles, ignobles et humiliantes, répandues sous l’ancien régime dans l’objectif de porter atteinte aux opposants politiques.

La Ltdh appelle les forces politiques et civiles à mettre un terme à ces pratiques et à garantir le respect mutuel, afin d'atteindre les objectifs de la révolution dans le cadre du respect des règles du dialogue et de la consécration du droit à la différence.

Le Mouvement démocratique d’éducation et de réforme (Mder), l’Association tunisienne de l’information géographique numérique, l’Union euro-arabe de géomatique et le Congrès international de GéoTunis ont, également, publié des déclarations dénonçant la campagne ignoble orchestrée contre le ministre de l’Intérieur.

On estime que la diffusion de cette vidéo est l’œuvre de personnes qui n’admettent pas (ou craignent) les réformes dans le corps sécuritaire. Surtout que cette diffusion a coïncidé avec les premières décisions de Ali Larayedh visant à assainir l’appareil sécuritaire..

Z. A.