«Nous sommes devant de grands défis économiques, sociaux, sécuritaires et en matière de développement», a déclaré, mardi à l’Assemblée constituante du Bardo, Hamadi Jebali.
Selon le chef du gouvernement provisoire - qui a pris le temps qu’il faut pour expliquer aux constituants les difficultés que traverse actuellement la Tunisie -, le pays est à la croisée des chemins, et il est impératif que tous les partis au gouvernement ou dans l’opposition resserrent les rangs. Il est temps de travailler la main dans la main pour pouvoir instaurer «une légitimité consensuelle» permettant de relever les défis posés et d'assurer le succès de l'expérience démocratique naissante en Tunisie.
En réponse aux interrogations des élus du peuple sur la situation difficile actuelle, M. Jebali a déclaré que son gouvernement assume pleinement sa responsabilité pour ce qui est des choix adoptés dans cette étape de transition.
«Nous sommes devant de grands défis économiques, sociaux, sécuritaires et en matière de développement», a-t-il rappelé, appelant l'opposition à éviter les surenchères et de continuer à accuser le gouvernement d'être responsable de la hausse des taux de chômage et de la pauvreté dans le pays. Et d’avertir que «l'échec du gouvernement mènera à un échec du processus de la révolution en Tunisie».
M. Jebali a, par la même occasion, appelé l’ensemble des Tunisiens à contribuer aux efforts pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent.
Un gouvernement hésitant
En réponse aux critiques adressées au gouvernement pour n'avoir pas appliqué la loi face aux sit-in, M. Jebali a expliqué : «Si on appliquait la loi, on serait accusé de retour à la dictature et si on évitait ce choix on serait accusé de laxisme». Il s'agit là «d'une équation difficile» à laquelle le gouvernement provisoire aimerait trouver une solution, a-t-il dit.
Evoquant le dossier des personnes impliquées dans des affaires de corruption sous l'ancien régime, M. Jebali a indiqué qu'il s'agit d'un dossier complexe qui ne peut être examiné que par la justice dans le cadre d'un procès équitable. A cet égard, le chef du gouvernement provisoire a souligné qu'il n'a été possible de répertorier que 250 millions de dinars alors qu'on prévoit un total de 5 milliards de dollars.
M. Jebali a dénoncé, dans ce contexte, le manque de coopération des pays européens et arabes rappelant la décision de son gouvernement de charger des magistrats spécialisés ainsi que des bureaux d'avocats pour assurer le suivi de ce dossier.
Le chef du Gouvernement a dénoncé, dans ce contexte, le manque de coopération des pays européens et arabes rappelant la décision de son gouvernement de charger des magistrats spécialisés ainsi que des bureaux d'avocats pour assurer le suivi de ce dossier.
Qui se cache derrière les troubles ?
A propos des sit-in et des troubles dans les régions, pas de réponse claire de la part de M. Jebali qui accuse plusieurs parties sans en nommer aucune. Il a toutefois souligné que, malgré «une amélioration» de la situation sécuritaire, certains sit-in se poursuivent dont celui de la région de Mateur où 6.000 postes d'emploi sont menacés, accusant sans le nommer «un syndicaliste proche de l'ancien régime corrompu» d'être l'instigateur de ce mouvement de protestation.
«Le danger réside dans le risque de voir se reconstituer les anciennes milices du parti dissous (Rcd) à l'intérieur et à l'extérieur du pays», a mis en garde M. Jebali, évoquant «des financements et un appui de certaines parties».
«Les Tunisiens sont appelés à faire preuve de cohésion autour des objectifs de la révolution qui sont éternels et non pas autour du gouvernement qui n'est que de passage», a-t-il dit.
Le gouvernement présentera, lors de l'examen du projet de budget en mars prochain, un programme détaillé, a annoncé M. Jebali tout en assurant la mobilisation des financements nécessaires.
I. B. (avec Tap).