Fidèle à son style, tout en feintes et en renvois en touche, le porte-parole du gouvernement a dilué tous les problèmes actuels du pays : sit-in, salafistes, agressions contre les journalistes… Il ne s’est presque rien passé !


Du 1er au 23 janvier, 168 routes coupées et 2 sit-in sur 18 ont été levés par la force : une fois devant l’ambassade de Libye et une seconde fois – après négociation –, devant British Gas à El Mahres (Sfax), a expliqué, Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, au cours d’un point de presse, mercredi à la Kasbah. N’empêche que la situation sécuritaire et sociale dans les régions s’est beaucoup améliorée.

Le gouvernement et le casse-tête des sit-in

Selon lui aussi, en cette même période, 168 routes ont été bloquées dans tout le pays dont 18 routes à Bejà et Jendouba, et 16 à Sidi Bouzid. Ainsi que 165 sit-in dont 37 à Gafsa et 22 à Tunis. M. Dilou a estimé les pertes à cause des sit-in, routes et voies ferrées bloquées à 2,5 milliards de dinars, «soit la valeur de 80.000 emplois et le coût de construction de 600 km d’autoroute», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «Pas la peine de nommer. Nous nous abstenons de désigner les parties qui sont derrière ces troubles. Ce n’est pas parce que nous sommes hésitants, mais parce que la situation est fragile et nous ne voulons pas la fragiliser davantage».

«Le gouvernement préfère négocier avec les sit-ineurs que de recourir à la force. Et il vaut mieux qu’on nous traite de laxistes que de faire usage de la force comme l’a fait l’ancien régime. Le gouvernement préfère négocier avec les coupeurs de routes et les sit-ineurs, y compris ceux qui sont dans les établissements universitaires. Mais contre ceux qui enfreignent la loi, nous allons appliquer la loi. Car, il n’y aura pas de développement si les outils de production sont paralysés», a averti le ministre. Et d’insister sur un ton ferme que le gouvernement ne va pas laisser faire ceux qui causent des dégâts au pays. Notamment avec ceux qui ont attaqué les étudiants au réfectoire de l’université à Sousse.

M. Dilou a annoncé aussi que le gouvernement va multiplier, dans les jours qui viennent, les rencontres entre les médias et les ministres.      

«La personnalisation de Dieu est une atteinte au sacré»

Concernant le procès de la chaîne Nessma TV, le porte-parole du gouvernement a indiqué que la Tunisie nouvelle est une société qui garantit la liberté de l’information et d’expression et respecte en même temps les valeurs sacrées. «La personnalisation de Dieu est une atteinte au sacré. Ceci a été avoué même par le directeur général de Nessma», a-t-il rappelé. Et de préciser que, dans toutes les sociétés du monde, il y a des lignes rouges à ne pas franchir.

Interrogé sur notre collègue de Mosaïque FM, Chaker Besbes, comparu devant le juge pour avoir tenté de filmer le procès de Nessma TV, le 23 janvier, M. Dilou a répondu que, dans toutes les démocraties du monde, il y a des lois à respecter. Et d’ajouter que la décision à l’encontre de ce journaliste a été prise par le juge et n’a rien à voir avec le gouvernement. «Notre position est claire. Nous tenons à la séparation entre le gouvernement et la magistrature», a-t-il plaidé.

Concernant les journalistes agressés, M. Dilou a dit qu’il y a des affaires en cours et que le juge se prononcera.

Zohra Abid