Malgré la domination des islamistes, le nouveau gouvernement tunisien respectera la liberté religieuse et l’égalité des sexes, a affirmé le chef du Gouvernement, vendredi, à Davos, en Suisse.

Correspondance spéciale – Davos, Suisse.


 

S’adressant aux participants à la 42e réunion du Forum économique mondial de Davos (Suisse), Hamadi Jebali, qui a choisi cette ville suisse pour son premier voyage en Europe depuis sa prise de fonction en décembre, a lancé : «J’en appelle ici à Davos à ceux qui nous écoutent. Nous demandons un soutien car nos propres moyens ne sont pas suffisants». «Nous comptons sur l’appui de nos amis en Europe et aux Etats-Unis. La Tunisie est un pays ouvert à tous ses voisins, notamment européens», a-t-il poursuivi.

Egalité des sexes et droits de la femme

M. Jebali, qui a pris la parole à un groupe de discussion sur la gouvernance en Afrique du Nord, a souligné que le chômage demeure le plus gros problème de la Tunisie. «Nous comptons 800.000 personnes sans emploi – dont 200.000 diplômés de l’université, et la Tunisie sort chaque année 75.000 nouveaux diplômés du Supérieur, dont beaucoup restent en attente d’emploi», a-t-il dit. «400.000 jeunes en Tunisie vivent avec moins d’un euro par jour. Mais malgré ce défi économique, la démocratie peut triompher», a-t-il ajouté.

Le chef du Gouvernement a tenu aussi à rassurer son auditoire sur l’avenir de la Tunisie : «C’est la première fois que nous pouvons construire un Etat démocratique avec pour première étape une constitution qui va asseoir notre démocratie», a-t-il affirmé. Ce texte fondateur, a-t-il expliqué, «va garantir le respect des libertés publiques et des droits de l’homme, interdire la torture, garantir l’indépendance de la justice, protéger la liberté de la presse, garantir la liberté de croyance, assurer l’égalité des sexes et protéger les acquis des droits de la femme».

Interrogé avec insistance par certains participants sur le rôle des femmes dans la nouvelle Tunisie, M. Jebali a répondu : «Nous ne pouvons pas avoir une démocratie amputée. Nous devons prendre en compte toute la population. Nous ne pouvons pas ignorer les femmes». Et d’ajouter que la Tunisie dispose actuellement d’un grand nombre de femmes dans l’Assemblée constituante, et que beaucoup d’entre elles appartiennent à Ennahdha.

Des résultats tangibles rapidement

M. Jebali a noté que nombre des nouveaux gouvernements issus du «printemps arabe» peuvent avoir une forte représentation des mouvements islamistes, mais cela ne signifie pas qu’ils ne seront pas démocratiques. «La Tunisie a bon espoir pour l’avenir de ces printemps arabes et la paix mondiale», a-t-il assuré.

Les panélistes, dont Abdel Moneim Aboul Fotouh, secrétaire général de l’Union des médecins arabes et candidat à la présidentielle en Egypte, Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement du Maroc, Amr Moussa, ex-secrétaire général de la Ligue des Etats arabes et candidat à la présidentielle égyptienne, ont été unanimes sur la nécessité de la démocratie dans la région. Ainsi que sur le besoin pour les nouveaux gouvernements de la région de produire des résultats tangibles rapidement.

Pour suivre l'intervention de Hamadi Jebali (en arabe)