En décidant de s’allier, Ettajdid, le Parti du travail tunisien (Ptt) et des indépendants du Pôle démocratique moderniste (Pdm) veulent faire savoir qu’ils ont tiré la leçon de leur échec aux dernières élections…

Par Marouen El Mehdi


Après une première initiative des Parti démocratique progressiste (Pdp), Afek Tounes et Nouveau parti républicain (Npr), en voilà une deuxième qui se veut plus large et plus fédératrice.

Dans les déclarations des représentants de ces partis, un seul mot d’ordre revient : tirer les enseignements de l’échec des élections du 23 octobre où près de 1.300.000 voix ont été éparpillées et gaspillées alors que, de l’autre côté, 1.500.000 voix ont permis à Ennahdha et ses alliés d’être au pouvoir : «Il s’agit d’un défi civilisationnel et d’une nécessité. La fusion entre les différentes forces progressistes et modernistes aidera à constituer une aile sociale-libérale et progressiste capable de sauver le pays et d’imposer une nouvelle approche plus adéquate des aspirations des Tunisiens qui tiennent à préserver leurs acquis», précise Abdeljelil Bedoui, le coordinateur du Ptt.


Deux ministres parmi l'assistance, Saïd Aïdi et Taïeb Baccouche

Un problème d’égo, dites-vous ?

Pour sa part, M. Ahmed Ibrahim, le leader d’Ettajdid, tient à rappeler que l’heure est à l’analyse des causes de la défaite des progressistes et des démocrates aux dernières élections et à la fondation de pôles unificateurs qui se croisent dans leurs idées, leur discours et leurs actions.

Pour Nadia Chaâbane, indépendante ayant adhéré au Pdm et qui a rallié ce nouveau Pôle, cette fusion est un message d’espoir : «Il est vrai que nous sommes minoritaires, mais nous sommes capables de donner encore plus, à commencer par l’élaboration de la nouvelle Constitution. Il va falloir donner la priorité à l’intérêt suprême du pays et non aux intérêts personnels. Ce qui m’agace dans ces initiatives, c’est ce problème d’orgueil chez les hommes !». De qui parle Mme Chaâbane ? Question à un dinar…

Cette histoire d’égo est, d’ailleurs, revenu dans l’intervention de Faouzi Charfi, qui insiste sur la nécessité de faire des concessions pour réaliser les objectifs des forces démocratiques et progressistes : «Ceux qui gouvernent aujourd’hui sont armés d’idées qui menacent les libertés et les acquis du passé. Ils veulent même nous amener à nous demander à chaque instant si nous sommes réellement musulmans et Tunisiens ! Nous sommes tenus par une responsabilité historique afin de rectifier le tir et sauver le pays, et tous nos responsables doivent apprendre à faire des concessions et tenir moins à leur égo».

Allons-nous voir ce nouveau Pôle en gestation s’allier avec celui formé du Pdp, d’Afek Tounes et du Npr ? «Nous y œuvrerons, mais avec les principes de l’intérêt général», estime Ahmed Ibrahim, leader du mouvement Ettajdid, qui assure que les portes restent ouvertes à toutes les forces centristes.

Le message est clair et les divergences avec les idées de Nejib Chebbi ne le sont pas moins.


Au centre, Ahmed Brahim et Abdeljelil Bédoui

En attendant des actions concrètes

Selma Baccar, élue indépendante à l’Assemblée constituante sur une liste du Pdm, estime que l’union des partis centristes est une nécessité pour constituer une aile sociale, progressiste et libérale, capable de convaincre l’opinion publique et l’amener à exercer une forte pression sur les partis au pouvoir : «Il faut, dès à présent, réunir les différentes tendances progressistes et élaborer une stratégie capable de récupération les voix perdues par le biais d’un programme social et économique adéquat».

Voilà pour les déclarations d’intention. Reste à lancer des actions concrètes et à passer à l’essentiel : la rédaction d’une plate-forme politique et d’un programme commun, l’élaboration d’un plan d’actions d’ici les prochaines élections, et, plus important encore, aplanir les difficultés subjectives souvent liées aux problèmes de leaderships, qui risquent de surgir à tout moment et mettre à bas tout l’édifice. Car il ne s’agit pas de retenir seulement les leçons de l’échec aux élections du 23 octobre, mais aussi d’éviter les erreurs qui ont précipité l’échec de toutes les anciennes tentatives pour fédérer des partis et rassembler des ambitions politiques autour d’un objectif commun.