Le leader de la liste indépendante Doustourna aux élections du 23 octobre estime que l’initiative de fédérer les forces de la gauche progressistes est louable, mais ses objectifs demeurent peu réalistes. Explications…

Propos recueillis par Marouen El Mehdi


Jawher Mbarek admet que ce mouvement de fusions entre partis progressistes et démocrates est très positif : «C’est le moment d’agir et de s’unir pour former des fronts plus forts et plus performants, et surtout plus aptes à réussir lors des prochaines échéances, loin des intérêts personnels. Or, ce qui m’inquiète, c’est de voir toutes ces forces ne penser qu’au rendez-vous des prochaines élections alors que tout se jouera bien avant puisqu’il y aura deux importants combats à livrer : celui de l’élaboration de la nouvelle constitution et celui du très probable référendum à propos de cette même constitution.

D’après ce que je constate, la Troïka ne cherchera pas à instaurer une conciliation et elle usera de moyens démocratiques pour imposer sa loi (la règle du 50 plus un, le référendum…). C’est très dangereux et, à mon avis, les pôles démocratiques et progressistes doivent s’y préparer et élaborer une stratégie idéale pour s’y opposer.

Malheureusement, je ne perçois pas cette priorité vitale dans l’agenda de ces partis qui ne pensent qu’aux futures élections et ça va faire l’affaire d’Ennahdha, qui va pouvoir attraper trois oiseaux d’un seul coup : l’absence de concessions chez ses adversaires, ce qui l’aidera à renforcer ses rangs, l’imposition d’un débat qui lui sied le mieux à propos de l’identité, ce qui transformera le projet de son parti en un projet du peuple, et finalement, grâce à ces pas en avant, le délayage de la route pour les élections».