Me Mohamed Lazhar Akremi a été agressé verbalement, samedi, à Béja, et a échappé de justesse à une agression physique. Il accuse des éléments d’Ennahdha, mais le parti islamiste dément…


M. Akremi a, en effet, accusé des militants d’Ennahdha d’avoir tenté de l’agresser, et perturbé et interrompu la conférence qu’il donnait, samedi, à Béja (nord-ouest).

Des signaux inquiétants

L’ex-membre du gouvernement Béji Caïd Essebsi chargé de la réforme de la police a déclaré, samedi soir, au journal télévisé de la chaîne Al Wataniya 1, que les forces de sécurité et les habitants de Béja ont identifié les agresseurs comme étant des membres connus de la cellule du parti Ennahdha à Béja. Il a ajouté que l’action dont il a été la cible envoie des signaux inquiétants à l’opinion publique et aux acteurs politiques.

Quand des éléments appartenant au parti au pouvoir commencent à agresser des acteurs politiques de l’opposition et à empêcher des réunions publiques autorisées, on pourrait craindre, en effet, que les prochaines élections, si tant est qu’elles auront lieu comme prévu dans un an, se dérouleraient dans les conditions minimales de sécurité et de transparence, a expliqué M. Akremi.

En réponse à ces accusations, le parti Ennahdha s’est fendu, samedi soir, d’un communiqué, diffusé sur sa page facebook, où il a démenti que M. Akremi eut été agressé par des éléments issus de ses rangs, en citant «les témoignages de tous les présents».

Ennahdha a déploré aussi «le traitement négatif réservé par certains médias à cet incident et l’exploitation qui en a été faite pour dénoncer un adversaire politique désigné et servir ainsi des desseins politiques évidents».

Ennahdha s’en prend à Akremi, aux médias et à la police

En plus de M. Akremi, traité carrément de menteur, et «certains médias» accusés de parti-pris et de manipulation – c’est désormais une figure obligée de sa communication –, le parti islamiste tunisien s’en est aussi pris au Syndicat des forces de sécurité intérieure qui se seraient «laissées entraîner dans des manœuvres politiques, au lieu de s’occuper des problèmes des populations sous leur responsabilité, et de manœuvrer ainsi avec une partie politique», par allusion à l’ex-Premier ministre Béji Caïd Essebsi, dont M. Akremi est un proche.

Par-delà la polémique soulevée par la conférence sabotée de Béja, les autorités publiques seraient bien inspirées de diligenter une enquête sur cette affaire, de délimiter les responsabilités et d’arrêter les auteurs de l’agression dont M. Akremi a été victime – ce dernier n’a tout de même pas halluciné ! –, d’autant que l’un de ses agresseurs a témoigné aux micros de la radio Shems FM, l’accusant d’avoir servi l’ancien dictateur Ben Ali et d’avoir contribué à l’échec du sit-in Kasbah 3.

Imed Bahri