Les demandeurs d’asile tunisiens en Belgique sont passés de 20 en 2010 à 106 en 2011. Aucune demande n’a été acceptée, pour «inadéquation entre les déclarations des candidats et la situation objective au pays».
Par Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles
Le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (Cgra), l’instance belge de l’asile, vient de rendre publiques les statistiques des demandes d’asile pour l’année 2011. Les chiffres sont interpellant à première vue pour la Tunisie.
Alors que la fin du régime de Ben Ali a été synonyme de retours de centaines de réfugiés politiques, exilés aux quatre coins du monde, les demandes d’asile introduites par des Tunisiens ont été multipliées par cinq en 2011, par rapport aux autres années.
En effet, alors que 21 Tunisiens en 2009, 20 en 2010 ont introduit des demandes d’asile auprès de l’Office belge des étrangers, ce sont 106 tunisiens (sur les 25.470 demandes) qui ont fait la même demande en 2011, année de la révolution tunisienne.
Contactée par Kapitalis, Tine Van Valckenborgh, la responsable Communication du Cgra tient à relativiser cette augmentation de 500% des demandes tunisiennes : «On passe, en moyenne, de 2 demandes par mois à 8 ou 9, ce qui reste très marginal comparativement à d’autres pays, comme l’Irak ou l’Afghanistan. De plus, si on prend en compte la répartition ou l’indice de dispersion de ces demandes dans le temps, on constate que le véritable pic s’est produit sur quatre mois, d’avril à juillet 2011, soit durant les mois qui ont immédiatement suivi la révolution. Ensuite, dès le mois d’août, le nombre de demandes s’est effondré et est resté depuis dans des normes tout à fait habituelles.»
Sur la motivation réelle de ces demandes, Tine Van Valckenborgh apporte son interprétation : «La raison première de ces demandes renvoie à la situation économique précaire qui ne s’est pas encore redressée malgré la fin de l’ancien régime.
Le Cgra n’a, par conséquent, pas constaté des profils à risque dans les dossiers qu’elle a traités. La majorité de nos décisions relevaient l’inadéquation entre les déclarations des candidats et notre information relative à la situation objective actuelle au pays.»
Le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides n’a donc jugé aucune de ces demandes légitimes puisque sur les 2.857 décisions de reconnaissance du statut de réfugié, aucune n’a été accordée à un Tunisien en 2011. Ce refus signifie que l’étranger ne pourra pas rester en Belgique et devra retourner dans son pays d’origine.
L’agence fédérale belge pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) a élaboré un programme de retour volontaire avec un programme de réintégration dans le pays d’origine (prime à l’installation de 250 € par adulte). Pour l’année 2011, six Tunisiens ont bénéficié de ce programme de retour volontaire.