La manifestation de l’Ugtt qui a bien commencé samedi à Tunis a vite mal tourné. Gaz lacrymogène, coups de matraques et autres agressions verbales. Le ministère de l’Intérieur s’explique. Mais ne convainc pas... C'est du déjà dit, déjà entendu...
Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, la marche organisée, samedi, par l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt) à l'avenue Habib Bourguiba s'est déroulée «dans des conditions normales», compte tenu des mesures de sécurité prises pour «protéger les manifestants et préserver l'ordre public».
La police a-t-elle perdu son sang froid ?
Mais vers 15 heures, ajoute le communiqué, «des groupes de manifestants ont décidé de se rassembler devant le siège du ministère de l'Intérieur» pour scander «plusieurs insultes et propos offensants envers les cadres et agents du ministère».
Les agents de l'ordre ont, selon toujours la même source, «tenté de garder leur sang-froid. Mais la persistance de certains éléments à insulter et à lancer des projectiles contre les agents et les passants, ajoutée aux protestations des commerçants de l'avenue Habib Bourguiba contre les dégâts occasionnés, ont obligé les forces de sécurité à sommer les manifestants de se disperser avant de recourir, devant leur refus, au gaz lacrymogène».
Une énième enquête sur l’agression contre les journalistes
Au sujet des informations faisant état d'agressions contre des journalistes pendant la couverture de l’évènement, par certains membres des forces de l'ordre, le ministère de l'Intérieur a indiqué qu'une «enquête sera ouverte pour identifier les auteurs des agressions», affirmant que «chacun assumera sa responsabilité conformément à la loi» (et si, en attendant, on nous présentait déjà les résultats des précédentes enquêtes ?!).
Le communiqué précise que «le ministère de l'Intérieur veille à protéger les journalistes et à leur assurer les conditions nécessaires à l'exercice de leur fonction» (beaucoup de collègues en ont eu l’illustration à plusieurs reprises et, surtout, à leur insu). Le ministère invite enfin les journalistes à porter les dossards distinctifs «pour les différencier des fauteurs de troubles». Traduire : c’est de leur faute, les flics voulaient tabasser la foule des manifestants, et comme les journalistes étaient mal signalés, ils les ont tabassés.
C’est très convainquant…
I. B. (avec communiqué)