Le président de la République ne veut plus entendre le mot «takfir» (blasphème). Inquiet, il a rompu le silence et réagi. En s’adressant au peuple et à la Constituante.
Des islamistes radicaux ne cessent d’accuser de blasphème ceux qui ne partagent pas avec eux leur idéologie. Ce qui a créé des différends qui risquent de dégénérer en affrontements verbaux et physiques. La tension est en train de monter dans le pays.
Le président prend-il ses distances d'Ennahdha ?
Face à ce phénomène qui commence à prendre de l’ampleur, des militants des droits de l’Homme, des représentants de partis et d’associations ont multiplié les condamnations tirant la sonnette d’alarme.
Et devant le silence des responsables au gouvernement, le président de la république, Moncedf Marzouki, ne pouvant plus rester les bras croisés, a rompu samedi le silence. Son porte-parole a rendu public un communiqué où le président de la République a appelé à cesser immédiatement les accusations de blasphème utilisées pour exprimer des divergences de point de vue. Il a souligné aussi que de telles pratiques menaceraient la paix entre les citoyens d'un même pays et pousseraient à la discorde.
M. Marzouki invite, dans ce même communiqué, le président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, et les membres de l'Assemblée «à trancher sur la question à travers l'adoption d'une loi qui incrimine les accusations de blasphème, fait encourir à leurs auteurs des poursuites pénales et préserve la cohabitation, la fraternité et la solidarité entre les Tunisiens».
Un phénomène qui se propage
La présidence de la République exprime sa grande préoccupation face aux accusations de blasphème colportées par certains individus, ajoutant que «personne n'a le droit de porter de telles accusations contre un concitoyen», car un tel comportement «risque de conduire à la violence ce qui est répressible par principe».
Pendant ces dernières semaines, certains islamistes ne se cachent plus. A part les mosquées qu’ils occupent pour lancer des discours appelant à la haine et au jihad contre les mécréants, on les voit de plus en plus dans d’autres espaces publics et même sur les plateaux de télévision défendant leur idéologie et accusant de blasphème tous ceux qui ne partagent pas leurs opinions.
Il y a une semaine, le ministère des Affaires religieuses a rendu public un communiqué pour mettre en garde les imams qui utilisent les mosquées pour diffuser un discours politique.
I. B. (avec communiqué).