Le Canada a annoncé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, vendredi, à Tunis, une aide de 1,5 millions de dollars au peuple syrien.

Sarra Guerchani, correspondante à Montréal


Le ministre des Affaires étrangères canadien, John Baird, en visite à Tunis dans le cadre de la conférence «des amis de la Syrie», a annoncé, vendredi, devant les 69 autres pays réunis à Ghammarth, une contribution de 1,5 millions de dollars au peuple syrien.

 

Durcissement des sanctions contre le régime El Assad

Le ministre canadien a commencé par saluer la tenue de cette première réunion du groupe des Amis de la Syrie. «Je tiens à exprimer ma reconnaissance à la Tunisie pour avoir accepté d’être l’hôte de cette rencontre et de la présider», a-t-il déclaré. Il a ensuite souligné l’importance de la création du groupe des Amis de la Syrie : «Cette conférence témoigne de la solidarité de la communauté internationale avec le peuple syrien face à la violence sauvage infligée par le régime El Assad à son peuple», a ajouté le chef de la diplomatie canadienne.

Dans un communiqué paru le 24 février, le ministère des Affaires étrangères a dénoncé les attaques faites à l’encontre des journalistes blessés et tués durant la semaine passée : «Même en refusant l’accès aux médias internationaux et à la plupart des organisations humanitaires, la Syrie ne parviendra pas à cacher à la face du monde le caractère barbare de ce régime».

John Baird a réitéré l’urgence de la situation humanitaire en Syrie. C’est ainsi que suite à sa rencontre, jeudi dernier, avec le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Nabil al-Arabi, le ministre canadien a annoncé «une contribution additionnelle du Canada, à hauteur de 1,5 million de dollars, afin d’apporter une aide humanitaire à la population syrienne.» Il a ensuite appelé le gouvernement de Bachar El Assad «à autoriser immédiatement l’acheminement complet, sûr, rapide et sans entraves de l’aide humanitaire à toutes les personnes qui en ont besoin».

Le Canada avait déjà imposé des sanctions «strictes» au régime d’El Assad ainsi qu’à ses partisans au cours des dernières semaines.

Ces sanctions visent notamment des banques et des sociétés pétrolières ainsi que 22 personnes, dont plusieurs généraux et militaires de haut rang.

Il s’agit des banques d’Etat Industrial Bank, Popular Credit Bank, Saving Bank et Agricultural Cooperative Bank et des sociétés pétrolières Deir ez-Zor Petroleum Company, Ebla Petroleum Company et Dijla Petroleum Company. Les mesures canadiennes portent aussi sur le gel de leurs avoirs au Canada ainsi que ceux de 22 personnes «et toute transaction économique avec celles-ci sera interdite», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères canadien.

Avec ces nouvelles mesures, le nombre total de personnes et entités syriennes visées par les sanctions s’élève désormais à 108 personnes et 38 entités.

Il s’agit du cinquième train de sanctions de ce type adopté par le Canada depuis mai dernier.

Durant la conférence des Amis de la Syrie, le Canada a demandé avec insistance à tous les pays «de participer aux efforts visant à isoler le régime syrien actuel jusqu’à ce que Bachar El Assad et ses partisans cessent leurs atrocités contre des civils syriens innocents.»

Le ministre Canadien des Affaires étrangères a envoyé également un message réconfortant pour le peuple syrien : «Le Canada continuera à soutenir le peuple syrien afin de bâtir une nouvelle Syrie libre et démocratique, qui respecte les droits de tous ses citoyens et qui vit en paix avec ses voisins.»

D’autres propositions

La secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a soutenu que Bachar El-Assad paiera d’un «prix élevé» les violations des droits de la personne en Syrie. Elle a également demandé à l’ensemble des nations le gel des avoirs des hauts responsables syriens et a imposé un embargo sur le pétrole syrien. Les États Unis ont également offert 10 millions de dollars pour l’aide humanitaire en Syrie.

Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a aussitôt répondu que l’Union européenne allait geler les avoirs de la Banque centrale de Syrie à partir de lundi.

La rencontre était boycottée par la Chine et la Russie, principaux alliés du régime syrien. Le président de la République Moncef Marzouki a, d’ailleurs, demandé que soit accordée l’immunité au président El Assad et sa famille et a évoqué un éventuel refuge en Russie pour le dirigeant syrien.

Les 70 pays présents à cette conférence des Amis de la Syrie se sont donné rendez-vous dans trois semaines à Istanbul. Une partie sera consacrée au Conseil national syrien (Cns), afin de prouver leur crédibilité aux yeux de la communauté internationale.

La contribution de 11,5 millions de dollars provenant de l’Amérique du nord devrait être acheminée par ce conseil.