Le Pacte pour l’Emploi bénéficiera aux jeunes chômeurs diplômés ou en cours de formation. Il devra, par la suite, être généralisé à l’ensemble du système tunisien de formation professionnelle.
Par Samantha Ben-Rehouma
La présence au Ramada Plaza à Gammarth du ministre pour la Formation professionnelle et de l’Emploi, Abdelwahab Maâtar, et du Dr. Horst-Wolfram Kerll, ambassadeur d’Allemagne à Tunis pour le lancement du programme «Pacte pour l’emploi en Tunisie» se veut avant tout un gage de crédibilité pour ce budget de 2 ans et de 32 millions d’euros !
La bonne personne au bon poste au bon moment : cela résume les grandes lignes de ce pacte pour l’emploi – élaboré par Sequa (Partner der deutschen Wirtschaft – Partenaire de l’économie allemande), avec la Chambre tuniso-allemande de commerce et d’industrie (Ahk Tunisie), l’Institut Goethe en Tunisie, l’organisme de formation professionnelle du patronat bavarois (Bbw), le centre pour l’environnement de la chambre des Métiers de la Sarre et la chambre de commerce d’Hambourg – qui vise l’amélioration qualitative de la formation professionnelle contribuant ainsi à la stabilisation économique et au processus de démocratisation en Tunisie à travers des mesures de promotion de l’emploi et d’amélioration de la qualité de la formation professionnelle et qui cible essentiellement les diplômés universitaires, responsables de formation en entreprise et dans les centres de formation (135 en Tunisie).
Une dizaine de centres de formation professionnelle ont été sélectionnés en Tunisie en coordination avec le ministère de tutelle. Ces centres bénéficieront d’un soutien ciblé qui permettra de renforcer leurs capacités : formation de formateurs, élaboration de programmes de formation, etc.
Le Pacte pour l’Emploi bénéficiera, à la fois, aux jeunes chômeurs diplômés ou en cours de formation, et devra, par la suite, être généralisé à l’ensemble du système tunisien de formation professionnelle.
Le modèle allemand
A l’heure où les Allemands sont le nouveau modèle à suivre, par l’efficacité plus grande de leur système d’apprentissage, par la formation alternée, l’autonomie des universités et une gestion largement régionalisée, se pose ici la question : ce modèle si vanté est-il transférable en Tunisie ?
En Allemagne, le système est construit par la négociation collective au sein des entreprises et des branches professionnelles. Nous sommes en Tunisie, dans un mode de pensée totalement différent : celui du primat des savoirs académiques et techniciens sur les savoirs d’expérience. Ce modèle allemand est donc difficilement transférable…
Toutefois, l’apprentissage – et c’est ce que met en exergue le Pacte pour l’emploi – peut être une solution contre le chômage. Les jeunes sont les plus exposés aux conjonctures économiques, mais s’ils sont les premiers touchés par la crise, ils seraient aussi les premiers à profiter des reprises. Mais dans ce contexte, l’apprentissage boosterait indéniablement l’employabilité des jeunes.
L’emploi est le maillon faible
Les attentes de la population vis-à-vis du gouvernement sur les questions d’emploi ont augmenté après la révolution. L’emploi est le thème prioritaire qui doit figurer sur l’agenda du gouvernement : des résultats rapides et visibles doivent être atteints pour stabiliser le pays sur le plan économique mais surtout sur le plan social car trop de jeunes se trouvent encore sans perspective d’avenir, privés d’emploi ou de formation. L’insuffisance d’implication des entreprises dans la conception et la mise en œuvre de la formation professionnelle ainsi que le suivi (quasi-inexistant) des diplômés après le cycle de formation ont créé une inadéquation avec le marché du travail.
Loin de stigmatiser la «maladie du diplôme», force est de reconnaître que les entreprises et les administrations sont incapables d’absorber une telle masse de diplômés ! Faute de trouver l’emploi correspondant à leur diplôme, les jeunes sortant de l’enseignement supérieur, après quelques mois d’attente, si ce n’est plus, prennent un poste situé au-dessous du niveau de leur diplôme, en espérant que le temps de leur passage dans cette activité sera limité et qu’il leur sera permis ensuite d’accéder à la fonction correspondant à leurs désirs.
Ce temps d’attente peut correspondre soit à un Sivp, contrat à durée déterminée, soit à une activité à temps partiel imposée, soit à une situation d’intérim. Dans ces cas, les solutions sont précaires et laissent souvent un goût amer dans la bouche du travailleur.
L’Etat, les partenaires des milieux du travail et de l’éducation, les entreprises, les travailleurs et les travailleuses, les organismes communautaires, ainsi que les personnes disponibles pour le travail doivent intervenir pour répondre à ce défi en rendant plus attrayant le marché du travail.
D’autre part, pour combattre cette injustice et ce taux de chômage très élevé chez les jeunes (25% actuellement), la Tunisie doit revoir sa politique sociale et à en juger sur les grèves à répétition, qui fleurissent comme des tulipes en Hollande, il y a urgence à changer certaines (mauvaises) habitudes encore ancrées dans l’esprit de nos dirigeants trop occupés à s’accrocher au pouvoir qu’ils en oublient tout le reste. Et c’est là que le bât blesse car le reste c’est… le peuple ! Et ce dernier commence sérieusement à se demander s’il n’a pas rêvé la révolution !