«S’il y a des armes, les forces de l’ordre interviennent automatiquement, comme ce fut le cas à Bir Ali Ben Khlifa, début février», a précisé le porte-parole du ministère de l’Intérieur. Des paroles, en attendant des actes…
Par Zohra Abid
Selon Khaled Tarrouch, qui intervenait vendredi, lors de la rencontre périodique avec les médias, au palais du Gouvernement, à la Kasbah, même les sit-in qui nuisent à l’ordre public, par exemple en coupant les routes, ne sont pas autorisés. Et d’ajouter que «les manifestations, sans autorisation limitée dans l’espace et dans le temps, n’ont aucune chance d’être organisées».
Le ministère de l’Intérieur a donc prévenu tout le monde. La loi c’est la loi, il faut donc l’appliquer. Et c’est tant mieux ainsi.
Deux poids deux mesures
En effet, le 25 février dernier, lors de la manifestation de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), les protestataires n’ont pas respecté la durée. Une quinzaine de minutes après, les forces de la sécurité ont prévenu les manifestants «violents, selon les autorités» de l’évacuation de l’avenue Habib Bourguiba. Tout de suite après, la police est intervenue pour disperser la foule. Il y a eu des affrontements avec des matraques et du gaz lacrymogène.
Ce même jour, une dizaine de journalistes, munis de leurs cartes professionnelles, ont été agressés par les forces de l’ordre alors qu’ils étaient en train de couvrir l’événement. Des condamnations ont fusé de toute part.
Selon le ministère de l’Intérieur, qui a subi la foudre des critiques, une enquête a été ouverte pour identifier les coupables. Ces derniers ont été filmés en flagrant délit. Les vidéos ont été partagées par les centaines de milliers d’internautes. L’enquête suit, depuis, son cours. Livrera-t-on un jour ses conclusions ?
Dans l’enceinte de la faculté des Lettres de la Manouba, des salafistes extrémistes ont occupé plus de 3 mois les lieux perturbant non seulement les cours, mais semant aussi la peur par leurs discours violents parmi les étudiants. Ceux qui leur résistent, ils les agressent à l’arme blanche. Les évènements du 7 mars – jour de la profanation du drapeau national – en disent long sur l’agressivité et la violence de ces éléments que les forces de l’ordre semblent pourtant vouloir ménager. Pourquoi ? Résultat : des hommes armés, filmés et identifiés courent dans la nature… A ce qu’on sache, le port d’arme est un délit ! Celui qui détient une arme blanche ou autre ne doit-il pas être arrêté et déféré devant le juge immédiatement ? Où y a-t-il des exceptions à cette règle concernant les salafistes ?
Un bus pour faire circuler des discours religieux
Des mosquées sont occupées depuis plusieurs semaines au nord-ouest par des religieux extrémistes. Ils imposent leurs rites et leurs lois et gagnent du terrain. Ils refusent même de dialoguer avec les autorités afin de trouver, à l’amiable, un terrain d’entente. Un sit-in, observé devant l’Etablissement de la télévision depuis le 24 février, nuit horriblement aux journalistes et aux riverains ainsi qu’à l’ordre public. Les journalistes exaspérés par cette situation ont multiplié les appels aux autorités afin d’agir. En vain.
Depuis jeudi, un bus flambant neuf, couleur bleu-pétrole métallisé, rempli d’extrémistes agitant des drapeaux noirs et criant Allah Akbar (Dieu est grand) sillonne les rues de Tunis. Il a été vu notamment à la Kasbah, du côté du ministère de l’Enseignement supérieur, et au quartier Lafayette… Ce bus a-t-il reçu l’autorisation de circuler et de diffuser des discours religieux ?
Les responsables du ministère de l’Intérieur, au lieu de se perdre en justifications oiseuses, seraient bien inspirés de rassurer les gens en mettant leurs actes en conformité avec leurs paroles.