En quittant, vendredi, l’Etablissement de la Télévision nationale, certain(e)s journalises ont eu droit, de la part des sit-inneurs pro-Ennahdha, en plus des insultes habituelles, à des menaces plus graves : l’arrosage au vitriol («Mé fark»).
Le ministère de l’Intérieur continue pourtant de qualifier le sit-in de «pacifique». C’est ce qu’a déclaré, vendredi, lors de la rencontre périodique avec les médias, au palais du Gouvernement à la Kasbah, Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l’Intérieur.
En effet, suite aux plaintes de l’administration de la Télévision nationale contre les extrémistes religieux qui observent depuis le 24 février dernier, un sit-in (pour assainir les médias, disent-ils), un procureur de la république s’est déplacé sur les lieux et a jugé que le sit-in était «pacifique», a déclaré M. Tarrouche. Or, selon notre confrère Zied El Hani, membre du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), le procureur n’a remarqué que la fluidité de la circulation routière. Il n’a rien dit à propos des insultes et diffamations proférées avec haut parleur. Une journaliste a eu une menace, non verbale mais manuscrite.
Pis encore : vendredi, des consoeurs qui quittaient l’Etablissement de la télévision ont été menacées par des sit-inneurs d’être aspergées au vitriol. Cela rappelle aux Tunisiens quelques douloureux souvenirs, lorsque, dans les années 1980, des éléments proches du Parti de tendance islamiste (Mti, ancêtre d’Ennahdha), ont aspergé au vitriol des femmes, dont la tenue avait été jugée non conforme à la charia.
«Tout cela, selon le ministère de l’Intérieur, n’est pas grave !», s’étonne le journaliste.
Vendredi 8 mars, près de 500 manifestants ont été devant l’Etablissement de la télévision en renfort avec les autres (qui séjournent dans leurs tentes depuis plus de deux semaines) criant et traitant de tous les noms d’oiseaux les journalistes hommes et femmes.
L’administration a porté plainte avec, à l’appui, des DVD et des documents. Y aura-t-il un suivi ou ces gens-là sont-ils au dessus de la loi ? Les condamnations du bout des lèvres, aussitôt suivies de justifications oiseuses, exercice de casuistique auquel s’adonnent régulièrement certains membres du gouvernement, suffisent-ils pour régler ce problème qui prend une tournure inquiétante ?
Z. A.