L’hypothèse émise par le président de la République Moncef Marzouki d’offrir l’asile à Bachar El Assad en Tunisie, si cela pouvait régler la crise syrienne, crée une véritable cacophonie au sein de l’exécutif.
«La Tunisie ne sera pas une terre d’accueil pour Bachar El-Assad», a déclaré le chef du Gouvernement Hamadi Jebali dans une interview accordée le 13 mars au journal électronique allemand ‘‘Spiegel Online’’. Il répondait ainsi au locataire du Palais de Carthage, qui est aussi son allié au sein de la «troïka», la coalition au pouvoir.
Afin d’épargner des vies humaines et mettre fin au massacre, le président Marzouki avait déclaré, le 7 mars, à la chaîne Bbc, que la Tunisie pourrait accorder l’asile politique et accueillir le président El Assad. Mais voilà qu’une semaine après, une divergence d’opinion éclate à ce sujet au sein de l’exécutif tunisien. Et pour cause : la Kasbah ne partage pas le point de vue de Carthage. Et, à la première occasion qui s’est offerte à lui, M. Jebali n’a pas hésité à montrer sa différence. Qui plus est dans une déclaration à un journal étranger et en dehors du territoire national. Ce qui est pour le moins surprenant. Et pose un certain nombre de questions.
Les deux chefs de l’exécutif ne se parlent-ils pas, ou pas assez ? Qu’est-ce qui les empêche d’accorder leurs violons sur une question aussi importante et, de surcroit, de politique étrangère ? Pourquoi sentent-ils le besoin d’afficher ainsi publiquement leurs divergences ?
Cela n’est pas de nature à rassurer l’opinion tunisienne et à donner une image positive à l’étranger du premier gouvernement élu dans le pays.
Le chef du Gouvernement tunisien a déclaré qu’il respecte le chef de l’Etat, mais ne souhaite pas voir Bachar en Tunisie. M. Jebali est allé encore plus loin dans ses idées en déclarant que, le cas échéant, il participera même à la livraison de Bachar El Assad à son peuple pour qu’il réponde de ses crimes et pour qu’il soit jugé par la justice de son pays.
Imed Bahri