La nationale 14 reliant Sfax et Gafsa est coupée au niveau de Menzel Bouzaïene par des sit-ineurs qui réclament, pour le 3e jour consécutif, leurs droits au travail, à la dignité, à l’égalité des chances.


Au moment où des islamistes appellent devant l’Assemblée nationale constituante à Bardo, à l’adoption de la chariâ comme principale source dans la rédaction du nouveau destour (constitution), des centaines de jeunes observent encore leur sit-in à Menzel Bouzaïene (gouvernorat de Sidi Bouzid), entamé depuis mercredi.

Que réclament ces jeunes, dont certains étaient parmi les déclencheurs de la révolution ? Ils lancent un énième appel aux autorités pour qu’elles n’oublient pas les objectifs de la révolution, dite de la liberté et de la dignité.

Les jeunes qui coupent cette route à plusieurs niveaux empêchent surtout le passage des véhicules administratifs et ceux de poids lourds. Ils veulent que les membres du gouvernement s’intéressent à leur situation et respectent les promesses qu’ils ont faites pendant la campagne électorale. Ils protestent contre le dernier «recrutement anarchique» dans la région qui s’est effectué, selon leurs propos, sans aucun critère.

Où sont passés les objectifs de la révolution de la dignité ?

Parmi les demandes : la clarification de la situation des domaines de l’Etat afin que les diplômés chômeurs puissent en profiter. En lançant des projets. L’amélioration de l’infrastructure dans la région qui n’a rien vu venir, la facilitation des prêts pour ceux qui souhaitent investir et monter une petite entreprise, l’indemnisation des familles des martyrs de la révolution. Ainsi que les blessés et les commerçants victimes de vol et d’incendies.

Les jeunes sont décidés à ne pas céder. Il a été prévu une rencontre, vendredi après-midi, entre le gouverneur et des représentants des sit-ineurs afin de trouver un terrain d’entente et surtout des solutions aux demandes urgentes. Pour que ces derniers soient convaincus qu’il y a vraiment eu une révolution de la dignité dans le pays.

Voilà à quoi pensent ceux qui ont faim. D’autres sont complètement ailleurs. Ils pensent à la division du peuple entre croyants et mécréants, qui peuvent se permettre d’inviter des prédicateurs extrémistes, d’organiser des rencontres dans les hôtels les plus luxueux du pays et appeler au port du niqab et au califat.

Où va la Tunisie ? Où veut-on la conduire avec agitations de religieux appelant à la polygamie, et autres vétilles et vues de l’esprit ?

I. B.