«Nous ne voulons pas faire tomber ce gouvernement légitime, nous l’appelons en revanche à respecter ses engagements et à réaliser les objectifs de la révolution», a affirmé Hamma Hammami.
Le secrétaire général du Parti ouvrier communiste de Tunisie (Poct), qui parlait lors d’un point de presse, lundi, à Tunis, fait allusion ici aux propos émanant de certains membres du gouvernement l’accusant, ainsi que d’autres dirigeants de l’opposition de comploter pour provoquer la chute du gouvernement.
Intimidation de la presse et atteintes aux libertés
M. Hammami ne se contente pas de renvoyer les accusations, il passe aussi à l’attaque en affirmant que le gouvernement de transition «n’a pas de politique claire pour concrétiser les objectifs de la révolution», appelant le peuple et les forces démocratiques à «mettre la pression sur le gouvernement pour réaliser les objectifs de la collectivité nationale».
Le secrétaire général du Poct a présenté le programme d’urgence de son parti «pour sortir le pays de la crise» et qui se traduit, selon lui, par la détérioration de la situation économique et sociale et par le ralentissement du rythme de travail à l’Assemblée nationale constituante (Anc).
M. Hammami a également dénoncé «les tentatives de répression et d’intimidation de la presse» et «les atteintes aux libertés» ainsi que «la vague d’accusations de mécréance menée par des milices impliquées avec certaines parties gouvernementales», par allusion au parti islamiste Ennahdha.
Dans son programme, le Poct insiste sur la nécessité de fixer la période de transition de manière claire et définitive, protéger les libertés individuelles et publiques contre les appareils de l’Etat, les groupuscules et toute autre menace, consacrer la liberté de presse, dissoudre la police politique et établir les fondements de la justice transitionnelle.
Le programme du Poct souligne également la nécessité de «contrer toute ingérence étrangère dans les affaires du pays, de réviser les accords et conventions consacrant le suivisme conclus par le régime déchu, et de se dresser contre toute forme d’atteinte à la souveraineté nationale».
Suspension du règlement de la dette extérieure
Aux plans économique et social, le Poct propose d’instituer «un salaire minimum industriel et agricole unifié à hauteur de 400 dinars par mois» et «une prime de chômage égale aux 2/3 du salaire minimum». Il propose aussi d’augmenter la bourse universitaire pour qu’elle atteigne 100 dinars par mois et de geler les prix des produits de consommation de base durant deux années consécutives.
Pour le Poct, l’Etat doit «intervenir de manière directe dans l’investissement, notamment au niveau régional, effacer les dettes des petits agriculteurs et récupérer les terres domaniales.»
Pour financer ce programme, qu’il ne prend cependant pas le soin de chiffrer, Hamma Hammami propose de suspendre le règlement de la dette extérieure durant trois ans, ce qui «permettra à la Tunisie d’épargner 4.070 millions de dinars en 2012», a-t-il estimé. Il prévoit d’allouer cette somme à l’investissement public.
Il a, en conclusion, appelé à prendre toutes les mesures nécessaires pour «récupérer les biens spoliés à l’intérieur et à l’extérieur», instituer une taxe exceptionnelle sur les grandes fortunes, recouvrer les impôts impayés par les entreprises et réduire les dépenses de l’Etat».
I. B. (avec Tap).