«La majorité doit résister aux tentations et être plus modérée avec les minorités en tenant compte de l’intérêt supérieur de la nation», a affirmé Hamadi Jebali, ajoutant que chaque Tunisien est responsable de l’avenir du pays.


 

Le chef du gouvernement provisoire, qui parlait lors d’une intervention diffusée lundi soir par Wataniya 1, la première chaîne de la télévision nationale, cherche-t-il ainsi à calmer ses troupes, et à rassurer l’opposition («les 0,000») en lui faisant comprendre qu’Ennahdha n’essayera pas de faire un passage en force en imposant ses vues dans la rédaction de la nouvelle constitution ?

Préserver la dignité de l’Homme

«Pour relever les défis économiques et sociaux, le pays a besoin de cet esprit d’abnégation qui a permis aux Tunisiens de réaliser l’indépendance et la révolution de la liberté et de la dignité», a dit aussi M. Jebali, comme pour appeler les Tunisiens à davantage de solidarité et d’unité.

Le chef du gouvernement, qui semblait fatigué, lisant mécaniquement un texte qu’il n’a pas eu le temps de réviser – il «mangeait» les mots, lisait mal et commettait même des fautes de langue digne d’un mauvais élève – a déclaré que la révolution de la liberté et de la dignité a placé la Tunisie au premier plan sur la scène internationale, affirmant que «le peuple Tunisien réalisera les attentes de ses amis et mettra en échec les doutes des ennemis de la révolution», sans nommer ces soi-disant ennemis.

M. Jebali a, par ailleurs, ajouté que l’ensemble du peuple tunisien est appelé à redoubler d’efforts. «C’est en ce moment que nous mettons en place les fondements de l’Etat pour un développement et un climat de prospérité où se déploient les affaires et le commerce tout en préservant la dignité de l’Homme», a dit M. Jebali.

Aucune partie ne doit imposer ses vues

«La constitution issue de la révolution doit hisser l’identité du pays, du régime républicain démocratique et les symboles nationaux au-dessus des conflits et des rivalités partisanes ou idéologiques», a expliqué M. Jebali, affirmant que «cette responsabilité incombe à la majorité, qui doit résister aux tentations et être plus modérée avec les minorités en tenant compte de l’intérêt supérieur de la nation».

«Au moment où nous nous engageons dans la construction d’un Etat tunisien et dans la rédaction d’une nouvelle constitution, nous devons tenir compte des partenaires légitimes de la révolution afin qu’ils soient partie prenante de l’Etat en construction. Il est nécessaire de ne pas limiter cette légitimité à une seule partie en imposant des choix dans le texte de la Constitution qui ne bénéficient pas d’une large unanimité ou qui risquent de semer la discorde», a-t-il dit.

A quelle partie, M. Jebali fait-il allusion ? Aux fondamentalistes religieux, dont plusieurs dirigeants ou partisans d’Ennahdha qui veulent imposer la chariâ comme source unique de la nouvelle constitution, ou aux démocrates et progressistes qui y sont opposés et qui militent pour un Etat civil et pour la séparation de la religion ou de la politique ? Chacun lira donc le discours comme il le voudra…

Evoquant la conjoncture difficile dans laquelle son gouvernement a pris ses fonctions, M. Jebali a souligné les efforts déployés pour réaliser les revendications sociales et économiques qui ont été à la base de la révolution, citant en particulier la lutte contre la pauvreté et le chômage tout en veillant à assurer la justice pour ce qui est du développement régional et de l’appui au pouvoir d’achat du citoyen.

Il a annoncé la publication dans les prochains jours de la loi de finances complémentaire. «Le gouvernement a déployé de grands efforts pour que ce texte soit le reflet des attentes de la Tunisie nouvelle en donnant la priorité au compter sur soi plus que le recours à la dette extérieure», a-t-il dit.

«Notre gouvernement tient compte de la situation des travailleurs et de la classe ouvrière, a-t-il soutenu, ils sont nos partenaires au service de la Tunisie et de la promotion de leur situation matérielle et des conditions de travail, en signe de fidélité aux sacrifices qu’ils ont consentis pour la libération du pays, l’édification de la nation et l’accomplissement de la révolution».

Imed Bahri (avec Tap).