Le général Ali Seriati donne une nouvelle version de ce qui s’est passé le 14 janvier : c’est lui qui aurait incité Ben Ali à s’enfuir et qui a eu l’idée du subterfuge constitutionnel ayant assuré la continuité du pouvoir.
Qui a convaincu Ben Ali de prendre la fuite ? Qui a donné l’ordre d’appliquer l’article 56 et de faire la passation du pouvoir à Mohamed Ghannouchi ? Y avait-il un plan «sahélien» pour garder le pouvoir ? Voilà les dernières «révélations» de Ali Seriati, ancien directeur de la Sûreté présidentielle.
Seriati a poussé Ben Ali à la porte
Lors de son procès mercredi à Tunis, dans l’affaire des martyrs et des blessés de la révolution dans le Grand Tunis et environs, Ali Seriati, ancien directeur de la Sûreté présidentielle, en détention depuis plus de 14 mois, a donné sa version de ce qui s’est passé le 14 janvier, le jour de la fuite de Ben Ali et de la chute de son régime.
Selon nos collègues du site électronique ‘‘Assabah News’’, il s’agit d’une bombe qui a explosé dans la salle d’audience lorsque Seriati a pris la parole pour évoquer les moments les plus forts avant que Ben Ali ne prenne l’avion vers l’Arabie saoudite.
Ali Seriati soutient qu’il a été derrière l’application de l’article 56 de la constitution en vertu duquel le Premier ministre Mohamed Ghannouchi a pris la magistrature suprême, après le constat de l’absence du chef de l’Etat. Il affirme aussi avoir donné des instructions en ce sens à Samy Sik Salem, son adjoint, lequel a téléphoné aux différents protagonistes.
M. Seriati ajoute qu’il a empêché Ridha Grira, ex-ministre de la Défense, et son groupe d’accaparer le pouvoir, innocentant le général Rachid Ammar, alors chef d’état major, qui, selon lui, n’a pas montré d’intérêt pour le pouvoir et mérite d’être salué.
«Ya Zollat», lui dit Ben Ali…
Pour revenir au 14 janvier et à l’épisode de la fuite de Ben Ali, dont plusieurs versions ont été relatées, l’ancien directeur de la Sûreté présidentielle a dit qu’il avait pensé, un moment, arrêter lui-même Ben Ali. Mais il a dû revenir sur sa décision craignant la réaction de certains pays dont la Libye. Il a tenté de parler davantage de la situation avec Ben Ali, mais ce dernier lui a dit : «Ya Zollat (idiot), l’avenir de mes enfants est plus important que celui de la Tunisie», raconte M. Seriati. Et de déclarer au tribunal qu’il a cherché par tous moyens à exagérer la gravité de la situation et à convaincre l’ancien président de se dépêcher pour prendre la route vers l’aéroport de Laouina. Dès que Ben Ali a pris le vol, Seriati a appelé Sami Sik Salem et lui a parlé de la procédure à suivre pour éviter le vide du pouvoir. «Jusqu’à maintenant, j’ignore encore les raisons de mon arrestation», a-t-il lancé.
Vers la fin de l’audience, M. Seriati a laissé entendre qu’il y avait un plan de la part des notables de la région du Sahel pour destituer Ben Ali, se débarrasser du clan des Trabelsi et garder le pouvoir pour eux.
Z. A.