Lors d’une rencontre, mercredi, avec des membres de la communauté tunisienne à Londres, Rafik Ben Abdessalem s’est entendu dire que la révolution a été conduite par le peuple et non par Ennahdha. Et d’autres propos peu amènes…


«C’est le peuple qui a fait la révolution. C’est le peuple qui a accompli le miracle de cette révolution. C’est le peuple qui a élu la Constituante. C’est à lui, et à lui seul, qu'en revient la légitimité», a lancé un jeune bloggeur tunisien résident à Londres au ministre des Affaires étrangères, au cours d’une rencontre de ce dernier avec la communauté tunisienne dans ce pays. Et de mettre surtout l’accent sur l’indemnisation des familles des martyrs et des blessés de la révolution, agressés et malmenés, mardi, à l’intérieur même du ministère des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, censée s’occuper de leurs cas.

«Je n’ai rien à dire à propos de vos compétences, à la limite, je ne veux même pas parler des nominations partout des membres d’Ennahdha dans le gouvernement. Les dernières en date, celles des gouverneurs, soit des Nahdhaouis ou parents, notamment au ministre Samir Dilou, et pas la peine que je m’arrête là», a rappelé le jeune blogueur.

«Je passe à autre chose monsieur le ministre. Les martyrs et les blessés ont besoin d’être soignés. On vient leur annoncer, aujourd’hui, que leur cas est désespéré et qu’ils n’iront pas en Allemagne pour recevoir des soins, car ils ne marcheront plus jamais sur leurs jambes. C’est atroce, monsieur le ministre. Même s’ils ne vont plus marcher, offrez leur un voyage en Allemagne pour qu’ils sachent que c’est vrai et qu’au moins vous avez tenté de les soigner, c’est de votre devoir», a encore dit le blogueur. Et de poursuivre : «Soyez transparents, le Tunisien, comme moi (né en 1988), qui appartient à la génération Ben Ali, et qui a ouvert ses yeux sous la dictature, n’en acceptera jamais une autre, sachez-le. Je vous dis encore monsieur le ministre, il est vrai que vous avez été légalement élus, mais ceci revient au peuple, au sit-in de Kasbah 2, à tous ceux qui ont organisé les élections de l’Assemblée constituante», a ajouté le jeune homme.

L'intervenant, qui a été très applaudi par la salle, a saisi l’occasion pour rappeler les devoirs du gouvernement actuel : ne plus parler du «changement» (un terme cher à Ben Ali), mais de respecter avant tout les objectifs de la révolution (emploi, liberté, dignité, égalité des régions…), de ramener l’argent pillé du peuple, de punir les responsables, de faire rapatrier Ben Ali et ses sbires de l’Arabie saoudite et de Qatar, et d’ailleurs ; et surtout de condamner les snipers qui ont tué des jeunes et laissé d’autres handicapés à vie.

«Nous serons là, le 9 Avril (Fête nationale des Martyrs, et date de la manifestation annoncée par tous les partis d’opposition, les associations et la société civile, Ndlr)», a-t-il conclu.

Z. A.