Cela restera dans les annales de la transition démocratique tunisienne : pour la première fois dans l’histoire du pays, un député demande à un ministre, en termes peu avenants, de démissionner…
Lors de la séance plénière vendredi à l’Assemblée constituante, le député Samir Ettayeb du Pôle démocratique moderniste (Pdm) a prié le ministre de l’Enseignement supérieur de disposer.
Les raisons du représentant du Pdm sont multiples. Et elles sont en lien avec le bilan de près de 100 jours de Moncef Ben Salem aux commandes du ministère de l’Enseignement supérieur.
«Vous êtes un ministre qui refuse le dialogue. Vous refusez de dialoguer avec les professeurs. Vous refusez de rencontrer les étudiants et vous êtes celui qui a choisi d’avance son camp, notamment avant les élections, sans jamais avoir recours au dialogue, comme dans la prise de position à propos des niqabées (et le sit-in de plus de 3 mois des salafistes à la faculté des Lettres de la Manouba, Ndlr)», a lancé le député. Et d’enchaîner : «M. Le ministre, il n’y a pas de place pour celui qui refuse le dialogue, donc vous n’avez pas réussi et vous n’êtes pas bon», a-t-il martelé. Le député a été jusqu’à traiter le ministre de raté et de le prier de disposer. «Avant même de commencer, vous êtes déjà un raté et un ministre après la révolution n’a aucunement droit au ratage. M. le ministre, je vous demande de partir», a-t-il terminé.
Moncef Ben Salem, très mal jugé par les gens de la profession et qui, selon le corps universitaire, est en train de cumuler les fautes, est resté après l’intervention du député, bouche bée. A une telle réaction franche, directe et publique, il ne s’attendait pas.
Z. A.