Les forces de gauche n’en finissent pas d’appeler à l’union sacrée face à la montée des mouvements réactionnaires et religieux. Mais la gauche, c’est combien d’unités ?
Le dernier avatar des dynamiques en cours a vu le jour, dimanche, avec la fusion annoncée du mouvement Ettajdid, héritier du Parti communiste tunisien (Pct), l’un des plus anciens du pays, le Parti du travail tunisien (Ptt), aile Abdeljélil Bédoui, et des indépendants du Pôle démocratique moderniste (Pdm), un Opni (objet politique non identifié), créé à la veille des élections du 23 octobre pour faire face aux islamistes d’Ennahdha. Avec des résultats plutôt maigres…
On prend les mêmes et on recommence
Le nouveau parti de coalition, censé aider la mouvance de gauche à remonter la pente, serait baptisé la Attariq Al-Dimoqrati Al-Ijtimaî (Voie démocratique et sociale) et présidé par Ahmed Brahim, le chef d’Ettajdid.
La conférence nationale constitutive a permis de mettre en place la structure de direction du nouveau parti. Selon l’agence Tap, elle sera composée d’un secrétariat national (9 membres), d’un bureau exécutif (21), d’un bureau politique (60).
Le Secrétariat national du parti est composé de quatre dirigeants : Ahmed Ibrahim (Ettajdid), président, Abdeljalil Bedoui (Ptt), vice-président, Samir Ettaieb (Ettajdid), porte-parole officiel et Riadh Ben Fadhl (indépendant du Pdm), secrétaire général exécutif. Autrement dit : on prend les mêmes et on recommence !
A quand une autocritique sérieuse ?
Quoi qu’il en soit, ces mouvements de restructurations et de fusions posent un certain nombre de questions. Les additions arithmétiques de partis politiques atomisés font-elles des forces politiques capables de peser sur l’échiquier national ? L’échec des partis de gauche aux élections du 23 octobre sera-t-il transformé en succès, lors des prochaines élections, prévues à la mi-2013, par le coup de baguette magique des miraculeuses fusions en cours ?
On peut toujours l’espérer, tout en sachant que rien ne vaut, dans ce domaine, une vraie autocritique, une révision de fond en comble des idées, propositions et méthodes et une réconciliation avec les électeurs partout où ils sont, notamment dans le pays profond.
Il va sans dire qu’on ne gagne pas des élections en faisant des meetings «populaires» dans des palaces à Gammarth ou des marches du genre «Âtaqni» sur l’avenue Mohamed V à Tunis.
On a du retenir la leçon de l’échec du 23 octobre : la gauche caviar de La Marsa et Carthage doit se rapprocher un peu plus du peuple… si elle en a les moyens !
A bon entendeur…
Imed Bahri (avec Tap).