La 7e Conférence nationale sur les logiciels libres 2012 a eu lieu, jeudi, à Gammarth. Une journée dédiée aux technologies, logiciels, nouvelles opportunités dans un univers sans limites. A exploiter sans modération.
Par Zohra Abid
L’événement, organisé sous l’égide du ministère des Technologies de l’information et de la Communication, a attiré la communauté Android.
La communication à cœur joie
A l’affiche, parmi les sponsors de l’événement, l’opérateur historique Tunisie Telecom, un parrain solide qui a mis le paquet dans la manifestation et en relief les technologies modernes. Viennent ensuite les deux opérateurs de téléphonie privés. Ils s’y sont joints avec un certain engagement. Eux aussi très concernés par l’événement. Après tout, il s’agit bien de leur univers, celui de la communication et de l’avenir des logiciels dans le pays.
Après avoir annoncé l’inauguration de la conférence par le ministre des Technologies de l’information et de la Communication, Mongi Marzouk, il y a eu un changement dans le programme. Le ministre n'arrivera finalement qu’en fin d’après-midi pour assister à la clôture de la conférence et décerner, aux côtés de Ali Ghodhbani, Pdg de Tunisie Telecom, les prix aux gagnants du 2ème Concours national des logiciels libres. Il sera tout de même représenté, à l’ouverture, par un représentant de son département, Ahmed Zarrouk.
Circulez librement, mais attention aux faux pas
Le discours inaugural pour mettre la journée dans son cadre a été assuré par Syrine Tlili, responsable de l’unité ‘‘Logiciels libres’’ au ministère des Technologies de l’information et de la Communication.
A ce rendez-vous dédié aux technologies libres et transparentes, les invités étaient très nombreux. La grande salle de l’hôtel était pleine d'un public plutôt jeune, avide de nouveautés et curieux. Les intervenants du jour ont été pratiquement sur la même longueur d’ondes. «Après la révolution et la libération des données, il faut bien mettre la transparence en exergue et créer de nouvelles opportunités», ont pratiquement plaidé tous les conférenciers de la journée. Et de déclarer qu’il est vrai que le niveau des Tics est aujourd’hui bon en Tunisie, mais il reste toujours insuffisant. Car, faute de visibilité et de projets sérieux, la percée de l’Open Source ne peut se faire. Surtout que la couverture sur les réseaux sociaux est de plus en plus dense, de plus en plus foisonnante et que les consommateurs méritent d’être mieux servis. Car, il peut y avoir de mauvaises intentions. Et un faux pas n’est jamais écarté. Avec ses dégâts…
Les consommateurs des logiciels sont partout, de tout âge, de toute frange, il n’est pas facile de les gérer. Comment donc les satisfaire ? Ils sont soit dans les écoles soit dans les structures du gouvernement soit dans les entreprises… et ils sont de plus en plus nombreux. Comment les satisfaire et en même temps comment réduire les coûts et les surcoûts des logiciels ? C’était notamment l’objectif de l’Open Source et des travaux de la journée. Là, le débat devient très technique. Les journalistes non spécialisés se sentent presque paumés. Ils doivent se mettre à la page.
L’Open gouvernance sur ligne !
Selon Faouzi Zaghbib, représentant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica, syndicat patronal), «il y a des opportunités pour l’emploi, plus de 2.000 entreprises dont 600 à valeur ajoutée et beaucoup travaillent à l’international, mais faute de visibilité et par manque de rigueur, plusieurs ratent des opportunités intéressantes», a-t-il soulevé.
Think Open, Think Tunisia
Ahmed Zarrouk, qui représente le gouvernement, a parlé sur un autre registre. Selon lui, l’OpenGov (ou la gouvernance ouverte) vise à créer «un niveau d’ouverture et de transparence et on doit prôner son application en politique. Cette initiative tend à permettre à tout citoyen de contribuer et de créer des projets permettant au gouvernement d’avoir une approche participative». Et de préciser que l’OpenGov doit se baser sur un environnement social et politique transparent qui permette à l’administration d’ouvrir ses bases de données à tous et à toutes.
Selon M. Zarrouk, le citoyen doit aussi, de son côté, fournir au gouvernement le savoir et l’expertise. Il doit y a avoir aussi, un autre fondement : «le principe de la collaboration entre l’administration, les Ong, les entreprises, la société civile… et l’accès libre à l’information publique». Et d’enchaîner : «Mais pour avoir accès à tout cela, il faut surmonter les différentes contraintes du secteur. La Tunisie dispose-t-elle vraiment du cadre juridique pouvant réglementer ce nouvel environnement ?», s’est-il interrogé. Ce cadre, il faut donc le mettre en place. Ce n’est pas sorcier : il faut s’inspirer de ce qu’il y a de mieux et de plus démocratique dans ce domaine chez les autres peuples.
Un cadre juridique pour éviter tout dérapage
Mais peut-on accéder vraiment à toutes les données administratives ou publiques ? Les données de la vie privée, relatives aux procès en cours, le secret d’Etat, ou le secret défense sont des contraintes pour l’OpenGov. Il faut aussi que les pratiques et les mentalités évoluent au même rythme que les réglementations.
Comment s’investir, former les gens, ouvrir des horizons, garantir l’autonomie et gérer l’abondance des données et des dossiers en même temps et en temps réel ? Tout cela n’est pas facile, mais il faut bien s’y mettre et le plus tôt serait le mieux, pour l’individu comme pour l’Etat, qui doit jouer pleinement le jeu dans un environnement plus transparent.
Plus de temps à perdre donc ! C’est ce qu’a essayé d’expliquer Séverin Naudet, directeur d’Etalab, en mission pour le Premier ministère français. Ce dernier a passé en revue les exigences des technologies modernes, la puissance de l’Internet et notamment de celle du réseau dans l’instauration de la démocratie. «Pour une nouvelle époque de démocratie, il faut que la gouvernance soit adaptée… Une jeune et belle démocratie comme celle de chez vous a besoin de confiance comme fondement», a-t-il lancé, tout en passant en revue l’expérience de son pays (et celle de son président-candidat Nicolas Sarkozy) dans le domaine.
Les intervenants de la journée ont décortiqué, chacun selon ses intérêts et axes d’expertise, le système de gouvernance ouverte dont rêvent aujourd’hui les Tunisiens, celui d’une «gouvernance ouverte au profit d’une démocratie représentative».