Leïla Trabelsi, épouse de l’ancien président Ben Ali en fuite en Arabie saoudite depuis le 14 janvier 2011, est-elle sortie de l’ombre pour raconter sa «Vérité» dans un livre qui paraîtra à Paris le 24 mai 2012 ?
Dès l’annonce de cette sortie par le site français de vente de livres sur le web Amazone.fr, les Tunisiens se sont déchaînés. Sur les réseaux sociaux et dans quelques médias, ils appellent à boycotter ce livre qui n’a rien à voir, selon eux, avec «La» vérité, par allusion au titre du livre, ‘‘Ma Vérité’’, publié par les éditions du Moment en France.
Vexés par cette sortie intempestive de l’ex-Première dame, après 15 mois de silence, dans son exil doré en Arabie Saoudite, les internautes tunisiens ont commencé à «déballer» tout ce qu’ils ont sur le cœur à propos de cette femme de fer qui les a gouvernés (à l’ombre de son dictateur de mari) pendant plusieurs années et qui avait un passé peu reluisant. Ils ont commencé tout d’abord par mettre à nu son ascension sociale grâce à ses multiples rencontres amoureuses, en publiant une partie de son CV non autorisé.
Sur cette dame la plus honnie par les Tunisiens, née, il y a 55 ans dans un quartier populaire de la Médina de Tunis, dont le père était vendeur de fruits secs et avait 11 bouches à nourrir, il y a beaucoup d’histoires à raconter.
Avec un petit diplôme (brevet de formation), Leïla Trabelsi devient tout d’abord coiffeuse, ensuite fonctionnaire dans une agence de voyages avant de devenir en 1984 maîtresse attitrée de l’ancien président, avant de prendre la place de Naïma Kefi, son épouse et mère de ses trois filles, et de devenir la première «dame» de Tunisie.
Leïla n’aime pas se faire oublier, elle sait surprendre et au moment où il faut, et continuera à habiter l’esprit des Tunisiens à travers un parcours unique. Et la dernière des dernières, celle que Catherine Graciet et Nicolas Beau ont surnommée ‘‘la Régente de Carthage’’ – titre du livre publié aux éditions de La Différence en 2009 – signe aujourd’hui elle-même son premier livre : «Ma Vérité» et met sur sa jaquette sa photo de femme voilée. Lunettes de luxe, foulard en soie tout blanc, l’«auteure» (qui a dû se faire aider, à l’occasion, par un plumitif) chercherait à expliquer que ce qui s’est passé le 14 janvier 2011 et sa fuite avec son mari sont un coup d’Etat et non une révolution spontanée.
La plupart des membres de la famille de la sulfureuse Leïla sont actuellement en détention, notamment son neveu Imed Trabelsi, qui court de lourdes peines. D’autres, comme Belhassen, le parrain de la mafia des Trabelsi, sont en fuite à l’étranger. Tout comme elle et son mari, condamnés par contumace à plusieurs reprises pours différents délits.
Affaire à suivre.
Z. A.